Ce qui se passe en Tunisie en ce moment est sans aucun doute une révolution. Mais la bonne question est : laquelle ? Pour le moment, il semble s’agir de 1830 plutôt que de 1789. Les éloges vis-à-vis du comportement du peuple d’un côté, le passage du pouvoir à une sorte de « lieutenant-général » de l’autre rappellent le 27, 28 et 29 juillet plus que le 14 du même mois.
En Tunisie – toujours pour le moment – aucune Bastille n’a été prise et la victoire du peuple n’est pas acquise par KO. Au moment où ces lignes sont rédigées, tout ce qu’on peut dire est que le peuple mène aux points et il y a encore plusieurs rounds pour ce combat.
Le départ précipité de Ben Ali, à un moment où la situation semblait loin d’être désespérée pour lui, laisse planer un doute. Plus que la pression directe du peuple on a le sentiment que c’est plutôt l’Armée et certains Thermidoriens – finalement 1789 n’est pas si loin… – qui ont signalé à Ben Ali que leurs destins devaient se séparer. Celui qui était pour eux un atout est devenu un handicap voire un danger. Rien n’est donc joué, loin de là.
Il faut rappeler le mot de Louis-Philippe : « La monarchie est la meilleure de républiques ». Les Tunisiens risquent de se réveiller au lendemain de leur Révolution avec comme seul résultat un roi des Français à la place d’un roi de France.
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