Malgré quatre mois de grève étudiante au Québec, l’heure du dénouement du conflit semble loin. L’échec des négociations le 31 mai dernier a en effet fait revenir le gouvernement libéral québécois et les associations étudiantes à la case départ.
La raison principale de cette crise reste la même après plus de quinze semaines de mobilisation : la hausse des frais de scolarité. L’annonce du gouvernement québécois d’une augmentation des droits de scolarité sur 5 ans, puis 7 ans à compter de 254 CA$ chaque année, avait déclenché l’ire des étudiants.
Pourtant, les négociations de la semaine dernière avaient bien démarré. Pour la première fois depuis le début de la crise, la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne avait accepté de renégocier la hausse des frais de scolarité, revenant ainsi sur l’annonce unilatérale de février. Quant aux représentants étudiants, ils comprenaient le principe de l’autofinancement pour tout nouvel arrangement. Si tous les ingrédients d’une sortie de crise paraissaient réunis, les négociations ont achoppé lorsque Michelle Courchesne a quitté la table. Comme de bien entendu, les étudiants ainsi que le gouvernement déclinent toute responsabilité dans cet échec.
Coté étudiants, on proposait de geler les frais de scolarité pendant deux ans. Le gouvernement aurait alors récupéré l’argent en diminuant le crédit d’impôt pour les études universitaires. Et après ? La hausse annuelle de 254 CA$ les cinq années suivantes aurait-elle été digéré ? En réalité, les associations étudiantes ne se posaient pas vraiment la question puisqu’elles misaient sur un changement de gouvernement à l’issue des prochaines élections provinciales.
S’en tenant à une ligne dure, le gouvernement Charest a proposé une première solution : une baisse de 35 CA$ par an, passant de 254 à 219 CA$ sur sept ans. Ce total de 1533 CA$ sur sept années a été refusé par les étudiants. Une autre formule a alors été avancée : augmenter les frais de 100 CA$ la première année puis de 254 CA$ pendant 6 ans, soit un total de 1624 CA$, supérieur à la première proposition.
Vint ensuite la loi 78, une mesure spéciale adoptée par le gouvernement il y a une quinzaine de jours afin de minimiser l’impact de la grève sur l’enseignement. Dénoncée par l’opposition et critiquée par le barreau, cette « loi anti-grève » a ravivé le mouvement étudiant, qui a exigé son retrait sans toutefois en faire l’un des objets de négociation de la semaine dernière.
Si les étudiants se sont dit prêts à revenir à la table des négociations, Jean Charest leur a également tendu la main bien qu’il persiste à nier l’existence d’une crise sociale. Les associations étudiantes savent bien que la signature d’un accord avec le gouvernement ne sonnerait pas automatiquement la fin de la contestation puisqu’il faudrait alors convaincre l’ensemble des étudiants, ce qui inclut les branches les plus radicales comme la CLASSE.
Autant dire que le bruit des casseroles semble parti pour résonner encore longtemps dans les rues québécoises…
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