À chaque élection en France sa polémique sur le voile islamique! À Montpellier, LREM se déchire.
Sara Zemmahi se retrouve au cœur d’une polémique qu’elle n’a peut-être pas souhaité déclencher!
Cette jeune femme défraie la chronique, car elle s’affiche voilée pour la campagne de la liste LREM dont elle est candidate en tant que suppléante à Montpellier. Diplômée en ingénierie de la santé à la faculté de pharmacie de Montpellier, cette jeune cadre est présentée dans le recto de la profession de foi comme « une jeune femme de son temps impliquée dans la vie associative et qui s’assume pleinement ».
Si Mahfoud Benali, tête de liste pour les départementales à Montpellier, reconnait que le choix d’une candidate voilée « peut heurter la sensibilité de certains », il le justifie par la nature des quartiers de Montpellier qu’il souhaite conquérir. « La commune de Grabels est tenue par le meilleur ami de Jean-Luc Mélenchon et les quartiers de Montpellier sont pour la plupart des ghettos de la ville ». Pour M. Benali, qui cite Gambetta, sa liste « ose » la diversité pour construire la République « à partir de couches nouvelles ». Le profil de Sara Zemmahi serait celui d’une « républicaine en marche ». Vérifions cela.
Sur son profil Linkedin, Mme Zemmahi se dit fondatrice et vice-présidente de l’association Tabassam (« Souris ! » En arabe classique). Cette association, créée en 2015, viserait « à promouvoir la réussite des jeunes, à favoriser les échanges et à venir en aide aux plus démunis. Également un soutien humanitaire à l’international (pays de l’Afrique du Nord) ». Pourtant, sur Facebook, on relevait jusqu’à ce matin des publications douteuses. Mais la personne en charge du compte Facebook de l’association a complètement vidé le compte des publications en lien avec des sujets on ne peut plus problématiques.
Tabassam fait régulièrement la promotion du hijab et incite des musulmanes et des non-musulmanes à l’essayer « avant de juger » à l’occasion du fameux World hijab day. Le site Europe-Israël dénonçait déjà l’édition 2015 de cet événement, auquel la candidate LREM prenait part pour sa promotion du niqab… dont le port est interdit depuis 2010 en France [1].
L’association, qui semble bénéficier de locaux par la Caisse d’Allocations Familiales de Montpellier, s’affiche comme un organisme islamique et prosélyte, relayant tour à tour des publications du prédicateur frériste Tariq Ramadan ou de son frère interdit du territoire français, Hani Ramadan. On notera également sa participation et la promotion de l’édition 2016 du RAM-LR, la « Rencontre Annuelle des Musulmans du Languedoc-Roussillon », qui accueillait entre autres les prédicateurs islamistes et frères musulmans Hassan Iquioussen et Hani Ramadan [2].
Tabassam organisait des événements avec l’antenne montpelliéraine du CCIF, organisme islamiste dissous en début d’année par le ministre de l’Intérieur ou encore avec Lallab, association intersectionnelle, féministe / islamiste visant à promouvoir le voile pour toutes. Militantisme contre le racisme d’État ou encore les violences policières, dénonciation du concept raciste et racialiste du « privilège blanc », l’association fondée par Mme Zemmahi semble totalement s’inscrire dans le courant indigéniste, islamiste, décolonial et anti-républicain.
On ne parle plus que de séparatisme ces dernières semaines. Tout porte à croire que Stanislas Guérini, député de Paris et délégué général de LREM, a eu raison en menaçant de retirer l’investiture de son parti à la liste de Montpellier qui a recruté Mme Zammahi si le voile qui y figure n’était pas enlevé. Mais le voile est-il vraiment le seul problème que pose la candidature de Sara Zemmahi ? Et quelle était « la grande cause de son quinquennat » d’Emmanuel Macron, déjà ? Ah oui : les femmes.
LREM se déchire
À chaque élection en France sa polémique sur le voile islamique ! C’est à Montpellier que l’on doit cette nouvelle affaire ! Elle refait du réseau social Twitter un champ de bataille électorale. Hier soir, le média dit de « réinformation » Fdesouche annonce que LREM propose une suppléante portant le voile pour les élections départementales. L’affiche de campagne est reprise une heure plus tard par Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement National, député européen et candidat aux élections régionales en Île-de-France. L’élu RN interpelle via un tweet la ministre de la citoyenneté : « C’est cela la lutte contre le séparatisme, Marlene Schiappa ? ». Mais c’est Stanislas Guérini, délégué général du parti présidentiel et député de Paris qui se charge de lui répondre en relayant son tweet pour faire savoir que ces candidats doivent changer leur photo sous peine de se voir retirer l’investiture de son parti. Selon lui, cette affiche porte atteinte aux « valeurs portées par LREM » qui « ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale ». La réponse de Stanislas Guérini déclenche une levée de bouclier de la part de l’aile gauche de LREM qui y voit une discrimination, une atteinte à la liberté religieuse et une abdication devant le « parti d’extrême droite » du Rassemblement national.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le député de Paris, Stanislas Guérini subit les foudres de journalistes des médias de gauche , de militants d’associations islamistes, d’élus de tous les partis de gauche du parti socialiste à EELV en passant évidemment par la France Insoumise, qui y voient l’opportunité de relever une proximité incontestable entre le Rassemblement National et le parti au pouvoir. Rares sont ceux qui apportent leur soutien à Stanislas Guérini chez LREM. Le silence de la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa est assourdissant, alors qu’elle n’hésite généralement pas à se saisir des « bad buzz » qui agitent les réseaux sociaux. La teneur du débat est en réalité toujours la même depuis 40 ans. Pavlovisme, inversion des valeurs, insultes et une très mauvaise maîtrise du principe de laïcité (qui n’empêche effectivement pas une candidate portant le hijab de porter un voile islamique)…
En se réfugiant systématiquement derrière la laïcité qu’ils prétendent défendre, les politiques pro-voile l’affaiblissent. Ils semblent incapables d’assumer la conception française de l’égalité entre les hommes et les femmes prônée par la devise républicaine, ils semblent incapables de dénoncer le caractère misogyne du voilement, alors que c’est la seule manière de sortir par le haut de cet éternel débat piégé par une conception légaliste. Tant que les polémiques autour du voilement se limiteront à des échanges et des invectives autour de la notion du droit sans prendre en compte les us, coutumes et traditions françaises, la France tournera en rond.
[1] Ainsi le 1er février dernier, une quinzaine de femmes voilées se sont retrouvées au parc du Peyrou pour aller « à la rencontre des montpelliérains pour discuter et échanger sur le statut du voile en France ». Elles ont également proposé à plusieurs femmes d’essayer de porter le voile islamique. Les organisatrices espèrent que l’année prochaines elles pourront « participer encore à cette journée avec plus de moyens et avec plus de visibilité.» Source: Europe-Israël
[2] http://www.islametinfo.fr/2016/04/12/4eme-rencontre-annuelle-des-musulmans-du-languedoc-roussillon/?fbclid=IwAR2fnPMufDfRygGyTnYzwtEkj4V9DA2abSzZqsPmZueszSsnYhmhs5WSK4E