« Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle ». Cette phrase tonitruante ouvrait la profonde réflexion de Carl Schmitt sur la nature du pouvoir. Le juriste allemand ne croyait guère à la force des procédures, démocratiques ou non, en période de conflits. Lorsqu’un corps politique était secoué par une crise qui risquait de défaire son unité, il appartenait au souverain de décider, et de révéler ainsi à cette occasion où résidait le vrai pouvoir.
Le conflit sur les retraites permettra-t-il à la France d’apprendre quelque chose sur elle-même ? Qui y possède vraiment le pouvoir par exemple ? L’opposition entre le gouvernement et les syndicats est frontale, mais policée. D’un côté on fait grève le week-end et on accepte sans rechigner de se plier aux exigences du service minimum dans les transports, de l’autre on reconnait volontiers le droit qu’ont les syndicats de râler un peu avant de passer à autre chose. Nous sommes loin à la fois de la répression féroce style XIXe siècle et de la loi de la rue imposée par la base, par exemple en 1995. Tout ça est un peu mou du genou et traîne en longueur. Que faire ? Heureusement, il y a « les jeunes ». C’est le drôle de Deus ex machina inventé par l’époque pour précipiter la chute de cette morne pièce.
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