D’un côté, ceux qui dénoncent le député RN, Grégoire de Fournas, parce qu’il aurait suggéré à un élu noir de retourner en Afrique, ou aux bateaux de migrants d’y retourner, – ou les deux. De l’autre côté, ceux qui défendent le député RN parce qu’il n’aurait parlé que des bateaux. Et s’il y avait une troisième position à adopter?
De plus en plus souvent, dans le débat public, je n’ai plus de place et je n’ai plus de voix. Dans l’affaire Grégoire de Fournas contre l’arc républicain confiné dans son cordon sanitaire, comme dans tant d’autres, je ne sais plus où me mettre, je distingue bien deux camps parlementaires et médiatiques qui s’opposent mais pour me sentir représenté, il en faudrait un troisième.
Je n’appartiens évidemment pas à la majorité immigrationniste qui dénonce un racisme ou qui déplore une maladresse, au gros du troupeau qui va de la vache enragée et roublarde d’extrême gauche au bœuf de droite qui a perdu ses couilles en passant par le veau centriste, notable et malhonnête mi indigné mi intriguant. Je ne suis pas de cette masse politique et médiatique unie dans la condamnation du député, qui a voté son renvoi et qui nous explique que le singulier est intolérable mais que le pluriel l’est aussi, et que l’expression « qu’il retourne en Afrique » est un crime mais que la formule « qu’ils retournent en Afrique » en est un aussi, ou au moins un délit, ou une faute, et que monsieur de Fournas est coupable et impardonnable, qu’il ait voulu désigner le bateau, les migrants ou son collègue.
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Mais je ne suis pas non plus de ceux qui, face à cette meute, dans une proportion qui rappelle la bataille des Thermopyles, défendent le droit de souhaiter le retour sur le continent noir des bateaux et de leur coke en stock mais en aucun cas celui du député Carlos Martens Bilongo qui souhaite tous les faire venir. Nos Spartiates sont nets et précis, et ils tiennent à le faire savoir : pour les rafiots et les migrants le retour c’est oui, mais pour le parlementaire qui est noir, c’est non, et ils n’ont pas de mots assez forts pour le dire. Ce serait horrible, dégueulasse, indigne, contraire à la morale et à la république qu’ils ont toujours défendues. Inviter un élu français et noir à retourner en Afrique, quelle infamie ! Nous ne sommes pas racistes ! crient-ils à qui veut les entendre, c’est-à-dire pas grand monde. Ils ne sont pas racistes, nous l‘avons bien compris depuis le temps qu’ils le répètent et qu’ils en témoignent en toute occasion. Et nous en sommes convaincus. Comme l’écrivait Céline : « N’est pas raciste qui veut ».
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Moi non plus, je ne suis pas raciste. Et je ne le veux pas. Pourtant, j’invite le député NUPES à partir en Afrique, ou bien à changer de discours. Je ne lui propose pas de monter à bord d’un de ces bateaux qui repart à vide vers le sud à cause de sa couleur mais à cause de son projet. D’ailleurs, je lance la même invitation à ses collègues blancs. Si on les comprend bien, Monsieur le député Carlos Martens Bilongo et ses camarades voudraient que la France accueille les centaines d’Africains que SOS Méditerranée va chercher au large de la Libye pour les convoyer jusqu’en Europe. Et je n’entends pas de seuil, de borne, de quota dans le discours du député à l‘Assemblée ou ailleurs. Je ne vois donc pas pourquoi les centaines ne deviendraient pas des milliers puis des millions dans les plans du parlementaire puisque l’humanité et l’hospitalité des uns ne doit pas avoir plus de limites que les besoins des autres. Ainsi, si on écoute et si on laisse faire l’élu, qui est favorable au port du voile islamique, la France des métropoles et des villages bretons finira par être un jour peuplée massivement et majoritairement d’Africains, avec ou sans papiers. Alors si, quand il sort dans la rue, monsieur Bilongo désire voir surtout des hommes noirs et des femmes noires voilées, ne serait-il pas plus simple et plus sûr pour tout le monde que l’on déplace, plutôt que le piano, le tabouret, et qu’il retourne en Afrique ? Il n’en vient pas ? Eh bien qu’il y aille !