Emmanuel Macron recevait le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau à l’Élysée, ce matin à 10 heures. Le gouvernement entend proposer une nouvelle loi Immigration début 2025. Partout en Europe, on souhaite accélérer les « retours » des migrants indésirables.
Quand un enraciné parle d’immigration à un déraciné, le dialogue ne peut que tourner court. Tous deux ne vivent pas dans le même monde. Ce lundi matin, Bruno Retailleau a néanmoins rendez-vous avec Emmanuel Macron. L’homme des champs devrait tenter de convaincre l’homme des villes de la nécessité d’une nouvelle loi sur le sujet. La dernière avait été largement censurée le 25 janvier, à l’invitation tacite du président, par le Conseil constitutionnel.
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Le ministre de l’Intérieur plaidera probablement pour l’allongement des délais de rétention des expulsables, des restrictions au regroupement familial et au droit du sol, une remise en question de l’Aide médicale d’État (soins gratuits pour les clandestins), le rétablissement du délit de séjour irrégulier, etc. Le Vendéen, qui se sait porté par une opinion exaspérée par le conformisme bien-pensant, pourrait faire valoir un retour à la supériorité des lois françaises face à un « État de droit » dévoyé par l’Europe supranationale et ses juges non élus. Il pourrait réitérer sa demande de référendum sur « un des phénomènes qui a le plus bouleversé la société française depuis 50 ans sans que jamais les Français n’aient eu à se prononcer », comme il l’avait expliqué fin septembre, jugeant que « l’immigration n’est pas une chance ». Face à ce que la religion antiraciste voit comme un blasphème, Macron avait estimé que ces propos étaient « résolument en contradiction (…) avec la réalité ». « On peut décider qu’on aurait beaucoup mieux fait de la physique nucléaire sans la Polonaise Marie Curie (…), que l’on aurait pu danser beaucoup mieux sans Charles Aznavour, etc. », avait-il grincé. Pour lui, « Les binationaux sont des millions dans notre pays. Les Français issus de l’immigration au moins autant (..) Et c’est notre richesse. Et c’est une force ».
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Retailleau n’ébranlera pas le puéril angélisme présidentiel. Derrière la posture d’ouverture à l’autre, moralement avantageuse, le poids de l’aveuglement dogmatique reste un carcan intellectuel. Le refus de voir est à la source du pharisaïsme de Macron : il déplore l’insécurité généralisée, sans explorer ses causes. Simplet est l’argument qui avance les aspects positifs de l’immigration européenne (Curie et Aznavour en l’occurrence), que personne ne conteste, pour banaliser la submersion musulmane qui, d’évidence, ne s’intègre plus sous l’effet du nombre. Macron demeure le produit, élitiste et foutraque, d’un mondialisme déraciné qui a échoué dans ses utopies multiculturelles. Le chef de l’État ne se résout pas à admettre sa fin de règne. Elle est celle des apprentis-fossoyeurs des nations et des peuples indigènes. Ce sont ces derniers qui refusent à leur tour d’être colonisés et dépossédés de leur passé, par des envahisseurs, de plus en plus hostiles quand ils prônent la décolonisation occidentale des pays qu’ils ont quittés. Le rejet du monde universaliste et postnational se lit dans la réhabilitation de « populistes ». L’Italienne Giorgia Meloni, que Michel Barnier devrait rencontrer à Rome après s’être rendu vendredi à la frontière de Menton avec Retailleau et des ministres italiens, est citée en exemple pour sa politique migratoire. Le Hongrois Viktor Orban, épouvantail des belles âmes, est désigné par Israël comme un ami des juifs. Donald Trump, paria number one, pourrait sortir vainqueur des élections américaines du 5 novembre. En France, la gauche hurle à la « lepénisation des esprits ». Elle n’est que l’expression de la révolution en cours. Retailleau en est l’arme adamantine. Macron osera-t-il avouer qu’il s’est trompé ?
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