Alors que Nicolas Sarkozy n’a probablement jamais été aussi bon président que depuis le 6 mai à 20 heures, certains de ses hommes-liges les plus zélés sombrent dans l’aigreur des perdants. En l’occurrence, c’est une femme-lige – si l’expression n’est pas usitée, elle le sera bientôt par la force du rouleau à pâtisserie féministe – qui sonne le tocsin depuis dimanche.
A en croire le maire UMP d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini, François Hollande serait « illégitime (…) parce qu’il y arrive après un combat anti-démocratique comme on ne l’a jamais vu dans ce pays ». Mais le meilleur est à venir : « C’est un danger pour la République. (…) Parce que cet homme n’a jamais fait la démonstration qu’il ait réussi quelque chose dans sa vie. » a-t-elle expliqué au medium local Aix City Local News.
Loin de s’en tenir aux mots, l’élue vient de déposer une requête au Conseil Constitutionnel pour carrément… annuler l’élection ! Non, vous n’avez pas atterri dans un vaudeville d’Olivier Lejeune mais êtes bien dans la réalité de la vie politique française. Les motifs invoqués pour justifier sa démarche ? Outre la rancœur, le sectarisme, l’esprit de clan et le ressentiment – apparemment aussi bien distribués à droite qu’à gauche – Mme Joissains-Masini évoque le « dépassement des comptes de campagne », la « propagande abusive ayant entaché fortement l’équilibre du scrutin »[1. La faute aux primaires socialistes qui auraient « mobilisé les médias pendant plus de quatre mois » dixit la première des aixoises.] et la « complicité d’infraction à la loi syndicale » que constituerait le soutien de la CGT au futur vainqueur.
Prenons ces acrimonies, pardon, ces raisons dans l’ordre. Primo, nous ignorions les dons de commissaire aux comptes de la sémillante édile. Et quand bien même, le scrutin de 1995 a été validé par le Conseil Constitutionnel bien qu’entaché de plusieurs dépassements des comptes de campagne. Secundo, l’émission Arrêt sur Images ayant démontré que Nicolas Sarkozy était l’homme politique totalisant le plus grand nombre de passages télévisés de 1997 à 2007, fallait-il annuler la précédente présidentielle ? A l’époque, la vigilante Joissains-Masini ne pipait mot. Tertio, le viol de la neutralité syndicale par Bernard Thibault vaut largement les diatribes de Laurence Parisot contre le prétendu irréalisme du programme socialiste.
Autant d’arguments facilement balayés qui nous inspirent la réflexion suivante : Mme Joissains-Masini aurait-elle abusé de mauvais calissons pour avoir la défaite si amère ?
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