À la télévision, les images de nos dirigeants en campagne vilipendés par des badauds derrière des barrières, ont quelque chose d’avilissant.
Dans la foire d’empoigne qui secoue les derniers jours d’une campagne aphasique, j’ai senti un profond malaise m’envahir. Une vague de dégoût pour notre classe politique si prompte à nous faire la leçon, à nous cornaquer, à nous déposséder, peu à peu, de notre liberté déjà largement écornée. J’avais d’autres ambitions intimes pour mon pays. Par naïveté et nostalgie, j’ai toujours pensé que la France méritait mieux que ces échanges infertiles sur les marchés, à la volée, entre le vendeur de poulets rôtis et la maraîchère. Dans ce Clochemerle qui vire au pugilat verbal, cette chasse aux voix qui précède les moissons pascales, j’ai vu des images indécentes qui heurtent notre citoyenneté. Nous en sommes donc arrivés, là. Á un tel point de non-retour. Une République sur cales qui attend sa révision générale. Hébétés et furieux. Fragmentés et réfractaires. Tristes et, à bout de souffle. Sans vision nationale et sans élan salutaire.
De chaque côté des barrières de sécurité, recroquevillés sur nos certitudes, nous sommes incapables de nous contrôler,
