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Remis en liberté

Les carnets d'Ivan Rioufol


Remis en liberté
© AP Photo / Christophe Ena / Sipa

Ce n’est pas avec un « plan de lutte contre l’infertilité » que le chef de l’État pourra stopper la chute de la natalité française. Le choix d’Emmanuel Macron de résister au RN par une « lutte contre l’immigration clandestine » avalise l’immigration légale, avec le soutien du Conseil constitutionnel. Tout reste en place pour achever la dilution du pays…


L’effacement : à son tour, Emmanuel Macron a évoqué ce risque suicidaire lors de sa conférence de presse du 16 janvier. Mais il s’est arrêté en chemin, excluant la France d’une possible disparition. Le président ne craint que pour l’Europe, bousculée par le chamboulement planétaire qui déboulonne l’hégémonie occidentale et invite l’UE à en rabattre. Pourtant, c’est plus dramatiquement la nation épuisée qui se vide de son peuple, comme un corps perd son sang. La révolte paysanne est celle de ce monde qui ne veut pas mourir. Or l’hémorragie, causée par une baisse des naissances des autochtones qu’une démographie musulmane prolifique est appelée à compenser, satisfait les immigrationnistes au pouvoir, pour qui un homme en vaut un autre. En 2022, un tiers des bébés avait au moins un parent né hors de l’Union européenne. Entre 2000 et 2022, les naissances issues de deux parents nés à l’étranger ont augmenté de 72 %. Si la femme française ne fait plus que 1,68 enfant, l’immigrée algérienne, avec 3,69 enfants, est plus féconde que l’Algérienne (3 enfants), selon Nicolas Pouvreau-Monti, cofondateur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (Le Figaro, 15 janvier). À ce rythme, trois ou quatre générations devraient suffire pour qu’il ne reste plus que des traces éparses de la France française, réduite à être visitée par des Franciens venus d’ailleurs, dans ses « réserves » exotiques.

Le grand effacement fait partie des mots interdits que Macron s’exerce désormais à prononcer, comme il reprendrait un refrain paillard. La transgression est son frisson. Son Premier ministre, Gabriel Attal, promet pareillement de « garder notre identité française ». Mais tous deux évitent d’évoquerl a substitution, sous leurs yeux clos, d’un peuple par un autre, d’une civilisation par une autre. Or ce qui s’observe est non seulement une libanisation de la nation jadis homogène, mais un remplacement ethnique et culturel. Il n’est d’ailleurs permis que de s’en réjouir, au risque d’être accusé de racisme et de xénophobie. À la crise de la natalité (baisse de près de 7 % en 2023) s’ajoutent la pression migratoire (depuis 1999, augmentation de 153 % des titres de séjour et de 227 % des demandes d’asile, soit près de 500 000 arrivées par an), une émigration des plus jeunes(54 % des 18-25 ans seraient prêts à quitter la France), un exode de ceux qui fuient l’antisémitisme coranique et un islam laissé en paix dans ses colonisations qui s’étendent. Ce n’est pas en lançant un« plan de lutte contre l’infertilité » et un « congé de naissance » ouvert aux parents des deux sexes que le chef de l’État peut espérer faire obstacle à cette disparition de l’esprit français, chassé par la technique et ses robots. Le choix de Macron de résister au RN par une « lutte contre l’immigration clandestine » avalise l’immigration légale, avec le soutien du Conseil constitutionnel. Tout reste en place pour achever la dilution du pays.

L’urgence est de stopper la liquidation de la France, promue par l’idéologie mondialiste qui continue d’imprégner le sommet de l’État. Le temps presse. Mais il est encore possible, à condition d’un sursaut politique, d’endiguer la conquête démographique du pays et de résister à son asphyxie. Même si le Français, sous couvert « d’affrication linguistique » (Libération), a déjà pris l’accent arabe des cités auprès d’une jeunesse mimétique, je ne me résous pas àla prophétie de Chateaubriand (Mémoires d’outre-tombe) : « Des peuplades de l’Orénoque n’existent plus ; il n’est resté de leur dialecte qu’une douzaine de mots prononcés dans la cime des arbres par des perroquets redevenus libres, comme la grive d’Agrippine gazouillait des mots grecs sur les balustrades des palais romains. Tel sera tôt ou tard le sort de nos jargons modernes, débris du grec et du latin. Quelque corbeau, envolé de la cage du dernier curé franco-gaulois, dira, du haut d’un clocher en ruine, à des peuples étrangers nos successeurs : “Agréez les accents d’une voix qui vous fut connue ; vous mettrez fin à tous ces discours.” » Majoritaires restent encore les Français qui ne veulent pas connaître le sort du dernier des Mohicans. Doivent-ils au moins croire Macron quand il assure aussi, mimant Éric Ciotti et Éric Zemmour, vouloir se battre « pour que la France reste la France » ? Pas davantage. Son déni des faits reste plus fort que son engagement à « continuer à présider au réel ».

Pour le chef de l’État, « le réel est reporté à une date ultérieure » (copyright Philippe Muray). Récuser, comme l’a fait le président le 16 janvier, le lien entre l’immigration et les émeutes urbaines de juillet aura suffi en effet à disqualifier sa tentative d’approche réaliste et son apparent virage conservateur dans la composition de son gouvernement, rejoint par Rachida Dati (ex-LR). Les réseaux sociaux et l’oisiveté des jeunes, ces raisons par lui invoquées, ne peuvent occulter ce que fut l’insurrection d’une population issue du Maghreb et de l’Afrique noire, et ses cibles qui symbolisaient la France (écoles, bibliothèques, mairies, etc.). Dès lors, qualifier le RN de « parti du mensonge » relève chez Macron d’un procédé puéril et réversible. Ce procès signe son renoncement à affronter le terrain. « Une idéologie s’achève quand elle n’a plus de mots pour décrire le réel », a noté Michel Maffesoli. La macronie est dans cette faillite qu’elle partage avec tout un monde qui « marche sur la tête », pour reprendre le slogan de la colère agricole. La grande disparition leur est promise.

Le naufrage du camp du Bien, décrédibilisé par ses contre-vérités sur un irénique « vivre-ensemble », porte la promesse d’une libération des indignations. Les agriculteurs en colère ouvrent la voie. Observer ces « progressistes » qui fuient l’école publique au profit du privé dit leur tartufferie. Le wokisme est désormais contesté aux États-Unis, y compris dans le temple de l’université d’Harvard.L’Allemagne s’affole de constater que, sous la pression islamiste, « les juifs n’ont jamais été autant en danger depuis l’Holocauste » (Le Figaro, 23 décembre). La révolution du Réel est le meilleur allié de ceux qui, derrière les paysans, refusent la tyrannie des idéologues. Il leur reste à reprendre le pouvoir.

Février 2024 – Causeur #120

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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