Profitant de l’asile journalistique que Causeur lui offre, Ivan Rioufol accuse… Il accuse Emmanuel Macron de haute trahison. Il accuse ses prédécesseurs d’abus de confiance et de maltraitance morale. Et il ne fait que commencer !
Voici le tableau : tout s’écroule. Même la guerre nucléaire approche, tandis que l’Occident est contesté par le nouveau monde. Partout, la révolution du Réel accélère ses révélations, enfouies sous les mensonges et le déni des faits. Les idéologues, qui ont institué la terreur intellectuelle ces dernières décennies, vont devoir s’expliquer : ils ont fait taire les lanceurs d’alerte, qualifiés de « déclinistes » – on dirait aujourd’hui « complotistes » – alors que ces vigies prévenaient au contraire de la chute de la France. Je fus de cette petite troupe, derrière d’illustres résistants comme Jean-François Revel ou Paul Yonnet, dont un éditeur salue enfin la lucidité dans l’analyse de l’antiracisme dévoyé[1]. La justesse des craintes de Yonnet sur l’abandon de l’assimilation lui valut, au début des années 1990, les injures attendues des Laurent Joffrin, Jean-Marie Colombani, Maurice Szafran, etc., comme le rappelle Éric Conan dans la postface de la réédition du Voyage au centre du malaise français. Mais cette meute perd ses dents, même si les saccageurs-en-chef pérorent encore. Leur monde s’achève.
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Le temps n’est plus aux fanatiques ni aux ventres mous. Il n’est pas question de reconstruire avec les démolisseurs et leurs valets. La reine autodésignée de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, veut traduire Vladimir Poutine en justice. Pour elle, le satrape doit répondre de ses crimes de guerre. En réalité, le vainqueur dira qui sera jugé. Mais l’idée de la dame de pique est à retenir : un dirigeant devrait répondre de ses actes quand ils produisent les désastres annoncés. En moins d’un demi-siècle, la France a basculé dans la désindustrialisation, la communautarisation, la déculturation, la violence. Quand j’ai quitté Nantes en 1984, ma ville était une belle endormie : la cité des ducs de Bretagne est aujourd’hui un coupe-gorge où fleurissent les mosquées-cathédrales. À Strasbourg, un patient est mort sur son brancard dans un service d’urgence après vingt-deux heures d’attente, dans l’indifférence des indignés. Ceux-ci se taisent quand une enseignante de Caen est victime d’une tentative d’égorgement par un élève à la sortie du cours de français. Le « vivre ensemble » est une plaie.
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C’est pourquoi, profitant de l’asile journalistique que Causeur m’offre avec ce rendez-vous (merci, chers Amis !), j’accuse. J’accuse Emmanuel Macron de haute trahison. J’accuse ses prédécesseurs d’abus de confiance, de maltraitance morale, d’irresponsabilité illimitée. J’accuse François Mitterrand d’avoir déclaré pour la galerie : « Les immigrés en France sont ici chez eux et quiconque tient un autre raisonnement tient le raisonnement de la haine et de la ségrégation raciste. » J’accuse Jacques Chirac d’avoir menti en martelant : « l’immigration est une chance pour la France », « l’islam est une religion de paix et de tolérance ». J’accuse Nicolas Sarkozy d’avoir renié le choix des citoyens de rejeter, en 2005 par référendum, l’Europe supranationale et d’avoir voulu imposer un « nouvel ordre mondial » en ordonnant aux Français de se « métisser ». J’accuse François Hollande d’avoir promu, au nom d’une social-démocratie couleur muraille, les idéologies subversives indifférentes aux faits et à la vie des gens. Et, oui, j’accuse Macron d’avoir abandonné le vieux peuple encombrant.
« La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas », a argumenté le président pour justifier les baisses de chauffage et les coupures d’électricité cet hiver. Les meilleures décisions sont celles qu’il ne prend pas. C’est lui qui a fermé Fessenheim et réduit le parc nucléaire. C’est lui qui doit être tenu pour responsable de la crise énergétique, même s’il a corrigé sur le tard ses erreurs : elles vont forcer la France à relancer des centrales à charbon et à importer du gaz et du pétrole des « démocraties » du Qatar et d’Azerbaïdjan. À lui seul, ce sabotage du parc nucléaire, qui aurait assuré la stabilité énergétique du pays s’il avait été préservé, mériterait la Haute Cour. Prétendre que les Français, en se gelant cet hiver, défendront l’Ukraine et les valeurs de la démocratie est une insulte à leur intelligence. Poutine n’est pour rien dans l’imbécillité des Verts qui ont poussé les « progressistes » mimétiques, en Allemagne comme en France, à régresser et à balafrer le paysage d’éoliennes jusqu’aux immaculés horizons marins. « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe », avait fanfaronné Bruno Le Maire en mars. C’est l’économie française qui sombre.
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Ceux qui ont aimé les confinements sanitaires et les passes vaccinaux adoreront les confinements énergétiques et les passes citoyens, au chauffage certifié à 19°. Déjà, des universités ont annoncé leur intention de fermer quelques semaines pour économiser l’énergie. Jamais un dirigeant, en guerre contre le « populisme » et son bon sens, n’a à ce point méprisé les gens ordinaires. Dernièrement c’est la France périphérique qui, après avoir dû fuir les métropoles et les cités de la « diversité », a été priée de prendre sa part d’immigrés dans le cadre d’une « transition démographique » théorisée par Macron et qui ressemble au grand remplacement qu’il faut nier. Ces agressions sont des « harcèlements moraux institutionnels », au même titre que ceux qui ont permis de traduire en justice les dirigeants de France Télécom après une série de suicides de leurs employés.
En 2021 l’État, poursuivi par des associations écolos, a été condamné pour « carence fautive » dans son inaction écologique. Ses carences sécuritaires, identitaires, économiques sont autrement plus dramatiques. Et je passe sur la menterie du slogan orwellien : « Tous vaccinés, tous protégés », en attendant l’inventaire des effets secondaires du vaccin anti-Covid. Cicéron avait prévenu : « Plus l’effondrement d’un empire est proche, plus les lois sont folles. » Ce quinquennat veut, comme un aveu de sa dépression, légiférer sur la fin de vie. Mais les Français, eux, ne veulent pas mourir.
[1]. Voyage au centre du malaise français, L’Artilleur, 2022.
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