À l’annonce du confinement, un gros quart des Parisiens a quitté la capitale pour rejoindre une maison de campagne. Culpabilisés et dénoncés comme des agents infectieux, ces bourgeois des villes ont fait tourner l’économie rurale tout en redécouvrant les vertus du lien familial
Il paraît que « la romantisation de la quarantaine est un privilège de classe. » [tooltips content= »Cette formule fait référence au cliché anonyme, largement relayé par les réseaux sociaux, d’une banderole déployée au début du confinement en Espagne. »](1)[/tooltips] Puisqu’une « première ligne » héroïque risque sa vie au front, qu’une « deuxième ligne » laborieuse assure la logistique malgré les risques de contamination, il ne faudrait pas que la « troisième ligne », c’est-à-dire la grande majorité d’entre nous – silencieuse et confinée –, en profite, en plus, pour exacerber les rapports de domination qui meurtrissent en temps normal notre société. À ce titre, d’aucuns ont jugé opportun de conspuer des écrivains pour leurs récits de retraite nantie, d’autres ont brandi de maladroites statistiques pour révéler la dynamique nouvelle du patriarcat confiné ; on n’a, enfin, pas manqué de fustiger le mâle blanc au titre de ses prérogatives postcoloniales particulièrement insupportables [tooltips content= »Rokhaya Diallo n’a pas hésité à évoquer le « privilège blanc » consistant à disposer du droit au libre déplacement (article du 31 mars 2020, publié par le média turc TRT World). »]
