Bis repetita non placent. À dix ans d’intervalle, la plupart des candidats PS qui fêtaient leur victoire aux régionales de 2004 font aujourd’hui grise mine. Juste retour de balancier, depuis le tournant de la rigueur de 1983, les élections intermédiaires font infailliblement chanceler les gouvernements. Sans remonter aux désillusions de l’ère Mitterrand, on note que la séquence politique actuelle rappelle étrangement les dégelées du second mandat Chirac.
Aux régionales de 2004, bientôt suivies par des européennes calamiteuses, l’UMP perdit alors 21 régions sur 22, ne sauvant que l’Alsace, au grand bénéfice d’un Parti socialiste qui pansait ses plaies du 21 avril 2002. Comme de bien entendu, les commentateurs avisés encourageaient le président Chirac, élu dans un rare moment d’unanimisme avec 82% des suffrages, à engager LE tournant social du quinquennat. À l’époque, une croissance molle, qui nous ferait aujourd’hui rêver, et un taux de chômage à la hausse minaient la popularité du couple Chirac-Raffarin, contraint de remanier le gouvernement après la Bérézina des régionales. Cela ne vous rappelle rien?
Nul ne sait si Hollande procèdera aux mêmes changements cosmétiques que son lointain prédécesseur, issu du même fief rad-soc corrézien. Changera, changera pas de Premier ministre ? Les paris sont ouverts. On ne donnait en tout cas pas plus cher de la peau de Jean-Pierre Raffarin au printemps 2004 que du scalp d’Ayrault aujourd’hui. Les mêmes scènes de la vie politique se suivent et se ressemblent. On a déjà vu un impétueux ministre de l’Intérieur à l’ambition dévorante, auxquels les sondages promettaient un bel avenir présidentiel, bouder Matignon.
En 2004, après un passage éclair à Bercy, Nicolas Sarkozy, prit le contrôle de l’UMP, d’où il lança sa future campagne présidentielle, laissant le pauvre Raffarin rouler sa bosse à la tête du gouvernement jusqu’au lendemain du référendum européen du 29 mars 2005. Valls serait bien en peine de reproduire la même stratégie, isolé qu’il est à la droite du PS…
Flanqué d’un Borloo ministre de la Cohésion sociale, le cabinet Raffarin-3 vécut quatorze mois en 2004-2005. Le temps de lancer de grands chantiers de rénovation urbaine, de plastronner dans les médias et d’alléger un peu plus la fiscalité des ménages. Une politique de la demande comme en rêverait… la gauche du PS. Il fallait entendre Nicolas Domenach faire des gorges chaudes de la politique du nouveau gouvernement italien Renzi, obligé d’alléger la pression fiscale sur les ménages transalpins pour réveiller une croissance atone.
C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures marmites, nous disent les sympathiques porte-parole de la gauche du PS. Nostalgiques de la parenthèse 1981-1983 et même, sans le dire, des années Chirac où l’on ne parlait pas encore de la « baisse du coût du travail », mais où l’on abaissait l’impôt sur le revenu au bénéfice des plus aisés, les Guedj, Maurel et consorts visent avant tout l’abrogation du Pacte de compétivité. Un objectif a priori raisonnable quoiqu’inatteignable : comme le post-gaulliste Chirac, Hollande agit sous l’œil de la Stasi bruxelloise. N’attendons rien du jeu de chaises musicales qui s’annonce, c’est le plus sûr moyen de ne pas être déçu…
*Photo : VILLARD/SIPA. 00669901_000067.
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