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Réfugiés, go home!

Les pays européens donnent l'impression d'une certaine précipitation dans leur volonté de renvoyer les migrants syriens


Réfugiés, go home!
Place de la République, Paris, 8 décembre 2024 © Aurelien Morissard/AP/SIPA

L’Europe ne veut plus accueillir de Syriens. De nombreux pays européens ont immédiatement suspendu l’examen des demandes d’asile d’exilés syriens. En Allemagne, la CDU veut renvoyer un million de réfugiés dans leur pays.


On a rarement vu gouvernements aussi réactifs. Le régime syrien n’est pas tombé depuis 48 heures que dix pays européens annoncent, en ordre dispersé, qu’ils suspendent toutes les demandes d’asile de Syriens. L’Allemagne, premier pays d’accueil (1 million) tire la première lundi matin. 50 000 demandes sont gelées. Norvège, Danemark, Suède, Belgique, Royaume-Uni et Italie suivent. En France, une décision similaire de l’OFPRA était attendue en fin de journée. Seuls les Autrichiens annoncent aussi un programme d’expulsions, mais la question enflamme la campagne électorale en Allemagne où la CDU veut renvoyer tous les Syriens.

Abandon de deux vaches sacrées

Je suis peu suspecte de laxisme migratoire mais un peu gênée par la précipitation. Certes, les ex-rebelles donnent des signes plutôt encourageants quant aux libertés. On aurait pu attendre quelques jours.

En attendant, on renonce à deux vaches sacrées :

  • Le droit d’asile, d’abord. Certes, il a été dévoyé pour devenir une filière migratoire classique. Mais faut-il le rayer ainsi d’un trait de plume ? Certains Syriens n’ont-ils pas encore besoin de protection ? Il n’est pas sûr que cette suspension soit parfaitement orthodoxe. Comme pour la reconstruction express de Notre-Dame, quand on veut prendre des libertés avec la règle de l’Etat de droit, on le fait, finalement…
  • La soi-disant politique européenne coordonnée. Sur les questions migratoires, on constate le retour du national et du chacun pour soi.

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Fini le baratin !

Que signifie cet emballement ? Que le lyrisme immigrationniste, les bras grands ouverts de la chancelière Merkel, et l’immigration-chance-pour-la-France et l’Europe, c’est fini. À part quelques extrême-gauchistes et des journalistes-prêcheurs, plus personne n’ose tenir ce discours. Toutes les gauches européennes sauf la nôtre comprennent qu’elles ne peuvent plus s’opposer aux peuples à coups de moraline. Partout, elles adoptent des politiques restrictives.

La vérité, c’est que les Européens n’en peuvent plus de l’immigration massive, particulièrement de l’immigration musulmane. Pas parce qu’ils sont racistes ou islamophobes, mais parce qu’une partie des populations arrivées ces dernières années posent un sérieux problème d’intégration quand ce n’est pas de délinquance ou d’insécurité. Les Européens veulent bien accueillir mais pas voir leurs sociétés changer pour les nouveaux arrivants. Et la question du djihadisme n’est évidemment pas à négliger.

Il y a quelques jours, invité par Eugénie Bastié, sur Le Figaro-TV, le philosophe Pierre Manent déclarait que « la part musulmane de l’Europe ne peut pas croître indéfiniment, comme c’est le cas aujourd’hui, sinon nous allons au-devant de drames qu’aucune version de la laïcité ne permettra de maîtriser ». Tollé des belles âmes, accusations de racisme, de xénophobie et de conspirationnisme. Pourtant, il a raison. Accueillir suppose d’intégrer à notre culture. On ne peut pas le faire avec de tels flux. L’humanité ne consiste pas à accueillir des gens qui n’aiment pas notre façon de vivre.




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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