Les retraites françaises sont un casse-tête qui vient de loin. Avec la réforme des retraites, la France paie quarante années d’erreurs économiques. Pour éviter de baisser le niveau des pensions et de déprimer la consommation, le gouvernement devrait financer le déficit des retraites par l’émission de bons du Trésor garantis par la Banque centrale européenne.
Combien sommes-nous inégaux sous la toise des retraites ! Selon que nous aurons connu la réussite professionnelle ou non, que nous aurons bénéficié d’un statut protecteur ou pas, que nous aurons joui d’une prébende d’État ou pas. Mais aussi selon notre âge. Car le contexte qu’affrontent les jeunes générations est le moins favorable depuis quarante ans. Pour nombre d’entre eux, l’horizon de la retraite est bouché.
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Mais la question de l’âge influe aussi sur notre perception de l’imbroglio en cours. Les quinquagénaires, sexagénaires ou septuagénaires, dont votre serviteur, qui ont vécu la grande grève de décembre 1995, ont le sentiment de vivre en décembre 2019 un remake avec la même intrigue et les mêmes personnages, l’intrigue manichéenne qui oppose les réformateurs d’un système budgétivore aux défenseurs de droits justement acquis, des robots à des humains de chair et de sang, des oppresseurs à des troubadours du peuple.
Il y a de plus en plus de retraités chaque année et de moins en moins de cotisants
Sauf précisément que le contexte a changé. Autant le problème apparaissait soluble il y a vingt-trois ans – il suffisait de soumettre au vote des Français le principe de l’égalité devant la retraite, à cotisations égales retraites égales, tandis que nous avons subi la capitulation des matamores Chirac et Juppé – autant le problème actuel est pourri jusqu’à
