Sophie de Menthon estime qu’on met la charrue avant les bœufs, en proposant une réforme des retraites avant même d’avoir mis sur pied un projet de société!
Le problème des retraites ne se résume pas à l’arithmétique des comptables qui s’affolent devant les sommes budgétaires à débourser aujourd’hui et demain; c’est un élément majeur d’une politique et donc d’un projet de société.
Ce que nous dit l’arithmétique, c’est que les Français ont une durée de vie qui s’est grandement allongée alors que la durée du travail n’a pas été, elle, augmentée. Comme le financement des retraites a été prévu sur la base de solidarité intergénérationnelle, les actifs d’aujourd’hui paient pour les retraités actuels. On constate que désormais 1,7 actifs paient pour 1 retraité et ce chiffre tend à décroitre.
Le bon sens conduit à tenter de redresser la situation avec deux solutions complémentaires : faire travailler plus longtemps et prévoir pour les actifs actuels une part de « capitalisation » c’est-à-dire d’auto-retraite.
Une même philosophie au bout du compte
Les deux techniques ont finalement la même philosophie, même s’il arrive qu’on les oppose : le pays mise sur la poursuite du développement des entreprises et de leur prospérité. Alors, que ce soit la répartition qui suppose un maintien de l’activité ou la capitalisation qui suppose la poursuite de l’expansion, le pari est celui de la croissance. Toutes deux manifestent donc à leur façon la solidarité du pays à l’égard de ses anciens.
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S’il a fallu un temps fixer un âge de départ, c’est parce que la pénibilité de certaines professions exigeait que l’on mette fin aux souffrances physiques accumulées quelquefois à partir de la sortie de l’adolescence. Les temps ont bien changé, comme pour la longévité d’une grande partie des citoyens. Désormais chaque individu a envie d’arrêter de poursuivre son activité à un âge beaucoup plus variable que par le passé. La fixation par le Parlement d’un « âge légal » de la retraite se heurte donc à un phénomène de rejet car ce n’est pas le paramètre essentiel pour l’ensemble de la population.
C’est le sens du travail, les raisons de travailler, l’épanouissement ou non dans le travail qui sont les préoccupations actuelles, le travail qui paye… c’est le projet de société qui est en cause à travers une réforme des retraites. C’est le travailler plus ET mieux qui est au centre du sujet. La réponse arithmétique est donc particulièrement mal adaptée même si les corps constitués, syndicats et patronat continuent à diverger, négocier, s’indigner à ce sujet.
Poser la bonne question, avoir de bonnes réponses et…
Si nous n’arrivons pas à répondre à la question « où va le pays ? ses entreprises, son industrie ? sa recherche ? son administration ?… » On en reste à ce que David Lisnard a qualifié de « sado-réformisme », on a oublié l’essentiel.
Le mouvement Ethic doit donc rappeler la valeur fondamentale qui est celle de l’entreprise et de son développement, avec la nécessité de la compétitivité et donc l’adhésion de ses salariés. Les initiatives comme celle de « j’aime ma boite » montrent bien comment on pense l’entreprise différemment. Encore faut-il que l’Etat n’entrave pas, comme aujourd’hui, la liberté d’entreprendre avec une bureaucratie et des normes, règlements, impôts et, de surcroît, une application tatillonne et souvent malveillante ! La première des réformes pour traiter des retraites serait donc d’affirmer la nécessité pour le pays de développer son activité pour augmenter le travail en multipliant les initiatives et en les soutenant sans que l’État se prenne pour un manager. Ce sont les contributions des entreprises elles-mêmes, et de leurs salariés, qui permettront de payer les retraites, qu’elles soient par répartition ou par capitalisation.
Chacun devrait être libre d’arrêter à tout moment de travailler, et à chacun de se contenter du montant proposé compte tenu de la durée de son travail effectif. Le débat devrait donc porter sur le nombre d’années à travailler et non sur l’âge.
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Ceci nous permettrait de résoudre alors facilement le problème du travail des seniors, certains pouvant poursuivre la transmission de leurs savoirs au-delà d’une limite d’âge que les législateurs voudraient imposer alors qu’ils n’en veulent pas pour eux-mêmes !
Avoir aussi des fonds !
Enfin nos entreprises en général manquent de fonds propres, sont endettées et deviennent, surtout en période de crise, des proies faciles pour des prédateurs, la plupart du temps étrangers ; souvent des fonds de retraite par capitalisation. Une de nos faiblesses est d’avoir ignoré à la fois la nécessité de fonds propres et le poids du système des fonds de pension. Ne nous réjouissons pas si vite de voir les étrangers « investir » dans notre pays.
A l’occasion d’une réforme des retraites en France, le monde des entreprises ne comprend pas que ces sujets ne soient pas prioritaires dans la réflexion et l’action et alerte la population quant à une réforme qui ne va pas de pair avec un projet de société digne de ce nom !
Sophie de Menthon, et le conseil d’administration du mouvement ETHIC
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