Danemark: «Nej» à plus d’Europe!


Danemark: «Nej» à plus d’Europe!

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7 octobre 2014, ouverture de la nouvelle session parlementaire au Parlement danois. Le Premier ministre du Danemark, Helle Thorning-Schmidt, annonce qu’un référendum sera organisé après les élections législatives pour une plus grande intégration du pays à l’Union européenne. Mauvais élève de l’Union européenne avec le Royaume-Uni, l’Irlande et la Pologne, le Danemark a obtenu quatre clauses d’exemption au Traité de Maastricht. Pourtant adopté par le Parlement danois, le Traité avait dû faire l’objet d’un référendum, en vertu de la loi fondamentale. Après l’avoir refusé une première fois, les Danois l’avaient ensuite accepté après que l’accord d’Edimbourg leur garantissait de ne pas être partie de l’Union économique et monétaire, de la politique de sécurité et de défense commune,  de la justice et des affaires intérieures et de la citoyenneté de l’Union européenne.

Pour Helle Thorning-Schmidt, qui s’y était d’ailleurs déjà engagée lors de son premier mandat, il s’agit alors que le Danemark renonce à sa clause d’exemption sur la justice et les affaires intérieures. L’argument majeur s’articule autour d’Europol, l’office de police criminelle intergouvernemental qui facilite l’échange de renseignements entre polices nationales en matière de stupéfiants, de terrorisme, de criminalité internationale et de pédophilie au sein de l’Union européenne. L’agence est devenue communautaire depuis le 1er janvier 2010 et intègre donc le troisième pilier de l’Union européenne duquel le Danemark ne fait pas partie. Si l’on s’en tient à une lecture stricte, cette décision sonne donc le glas de la collaboration pour ceux qui ont opté pour cette clause d’exemption.

Juin 2015, les élections signent la fin du mandat de Helle Thorning-Schmidt et le libéral Lars Løkke Rasmussen devient Premier ministre, reprenant à son compte ce référendum et assumant la même ligne que son prédécesseur. Dans un contexte politique particulier marqué par la crise des migrants et où le très nationaliste Dansk Folkeparti (parti du peuple danois) est sorti grand vainqueur des élections avec trente-sept députés au Parlement, Lars Løkke joue l’équilibriste. Le Danemark doit renoncer à sa clause d’exemption car il ne saurait se priver d’une politique de collaboration en matière de sécurité mais il conservera toute son indépendance en matière de politique d’immigration. L’argument n’aura pas fait mouche. Appelés à se prononcer hier, les Danois ont majoritairement rejeté ce référendum. Le non, défendu par l’extrême gauche et le Dansk Folkeparti a ainsi obtenu 53,1 % des suffrages contre 46,9 % pour le oui, soutenu par les grands partis traditionnels.

C’est ainsi au royaume de Danemark, on ne remet pas le destin entre d’autres mains, surtout lorsque le pays semble se porter bien mieux qu’ailleurs. Il en avait été ainsi du référendum de 2000 sur l’adoption de l’euro ; il en serait ainsi de ce référendum sur la justice et les affaires intérieures. Car voici un peuple qui n’a pas fait religion de la politique communautaire et qui n’a que trop bien compris que déléguer quelques parcelles de souveraineté à la grande machine revenait, in fine, à tout céder. Car il ne faut pas s’y tromper, le Danemark ne quittera pas Europol au simple prétexte du changement d’affectation de l’agence. Si le pays est parvenu, au prix d’accords politiques, à bénéficier d’exceptions à l’occasion du Traité de Maastricht, que ne pourrait-il s’en avoir accorder de nouvelles en concluant un accord parallèle avec l’Union européenne ? C’est d’ailleurs probablement ce qui se passera dans les mois à venir. Nul ne doute que trois semaines après les attentats de Paris, la coopération se renforcera en faisant fi des arguties juridiques. Nul ne doute non plus qu’à un an du référendum de la Grande-Bretagne qui doit se prononcer sur son maintien ou non au sein de l’Union européenne, les institutions feront montre d’une grande souplesse comme pour feindre son attachement à la souveraineté nationale et au choix des peuples.

«Ma patrie, avant tu étais le seigneur de toute l’Europe du Nord jusqu’à l’Angleterre, aujourd’hui on dit de toi que tu es un petit pays faible» écrivait Hans Christian Andersen en son temps. S’il avait su…

*Photo: Sipa. Numéro de reportage : AP21830209_000018.



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