Vendredi dernier, entre 16 heures à 19 heures, notre contributeur s’est glissé parmi les manifestants de Sciences-Po. Entre radicaux vociférants, gauchistes en keffieh et jeunes cons, il nous décrit ceux qu’il a croisés – ces « antisionistes » que Jean-Luc Mélenchon qualifie de résistants qui «sont l’honneur de la France sous les yeux du monde»…
J’habite en Israël. Ce pays ayant subi une attaque d’une ampleur sans précédent le 7 octobre, les manifestations en faveur du génocidaire – le vrai, l’égorgeur de vieilles dames et le violeur d’enfants – ne sont pas légion. Par conséquent, en atterrissant à Paris aujourd’hui, ma curiosité fut immédiatement piquée par l’appel au soulèvement devant Sciences-Po lancé par la délicieuse Rima Hassan, nouvelle égérie ultime de la LFI. Si ultime qu’elle semble en avoir consumé l’essence de la pauvre Manon Aubry, tête de liste aux futures Européennes et disparue des radars depuis au moins trois semaines. Ni une ni deux, après avoir déballé quelques affaires, je saute dans un jogging un peu crasseux, des baskets sales et un blouson noir : ce que je me figure être la tenue adéquate de l’antifa en herbe, ceci de telle sorte à passer incognito au milieu de la gangrène islamisée.
Arrivée à Sciences-Po sur les coups de 16 heures. Nous sommes sur le Boulevard St-Germain, à St-Germain des Prés, quartier parmi les plus prisés de Paris. Tellement huppé qu’un adjectif décrivant ce qui s’y rapporte en esprit, en goût, existe dans la langue française : « germanopratin ». Le café Les Deux Magots est emblématique du lieu. Quelques pro-israéliens sont venus contre-manifester et se sont avancés vers la rue Saint Guillaume via le Bd St-Germain. Étant là pour observer ce qui se passe côté palestinien, je décide donc de faire le tour par la rue de Grenelle pour rejoindre Sciences-Po par l’autre entrée de la rue. Rue des Saints-Pères, rue de Grenelle, puis rue Saint Guillaume.
Les journalistes de CNews pas les bienvenus
À mesure que j’approche de ma destination, la faune évolue, ne laissant aucun doute sur le fait que je sois en bon chemin : mèches de cheveux violettes et bleues, keffiehs rouges et noirs, hommes trans-féminins et femmes trans-masculines, apparaissent graduellement. Sur place, je trouve un attroupement d’une grosse centaine de manifestants. De nombreux journalistes s’agglutinent en périphérie du groupe. Prudence oblige, les bonnettes de leurs micros ne sont pas de sortie. Cela n’empêchera d’ailleurs pas CNews de se faire prendre assez violemment à partie.
Aux fenêtres du premier étage de l’IEP ont pris place les harangueurs de foule, ceux qui diffusent les slogans que l’assemblée doit reprendre en cœur. De ce côté-là, rien de très original : « Israël assassin, Macron complice », « From the river to the sea Palestine will be free », ou encore le très classique « Free-free-Palestine ». Les énergumènes en question m’arrachent, paradoxalement, un large sourire : ils se sont habillés de keffiehs qui recouvrent leur tête et ont rabattu le reste du tissu sur leurs épaules. Ainsi ils adoptent, probablement sans le savoir, la manière même dont les Juifs se vêtissent du Talith, le châle de prière. C’est suffisamment cocasse pour me rendre ces ministres officiants sympathiques quelques instants. En contrebas, la masse des communiants est hétérogène. On en distingue essentiellement trois types :
Primo, les radicaux : les vociférants, qui reprennent à pleins poumons les slogans lancés depuis la tribune. Une large part d’entre eux est ‘racisée’. Je relève un nombre non négligeable de voiles islamiques, quoiqu’inférieur à ce que le motif de la cause en question aurait pu m’amener à penser. Se singularise une fille, exhibant le keffieh rouge popularisé par Abu Obeida, le désormais tristement célèbre porte-parole du Hamas. Elle filme sans discontinuer.
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Deuxio, les gauchistes vestimentaires : ils sont sapés à peu près comme moi aujourd’hui. C’est à dire très mal. En tout cas par rapport aux standards germanopratins. Certains ont jugé bon de se coudre des masques chirurgicaux aux motifs du keffieh. Habile. Une fille en survêt a imprimé son drapeau palestinien sur une feuille A4 et le brandit mollement. Un autre type, un peu loufoque, arbitre de baseball en bas, cycliste du Tour de France en haut, s’accroche aux grilles qui garnissent les fenêtres du rez-de-chaussée d’un immeuble pour tenter, fiévreux d’expectatives, d’entrapercevoir le cœur de la foule.
Tertio enfin, les étudiants BCBG, collant cette fois à la lettre aux standards vestimentaires du quartier. La fringue exposée coûte une blinde. Ce sont des blancs pour l’essentiel, émoulus l’année dernière, deux ans au maximum, du baccalauréat. Ceux-là sont nombreux. Ça rigole nerveusement, ça s’amuse de la situation comme on s’esclafferait d’une attraction comique et grotesque, convoquée là pour une kermesse. L’un d’entre eux « revient du côté israélien, y’avait plus d’ambiance là-bas, c’était chaud ». Tout ce petit monde joue à se donner des frissons de pacotille. Rien n’est sérieux. Les slogans sont repris par instinct grégaire plus que par réelle adhésion à la cause : le timbre de voix mi-dubitatif mi-amusé, le regard en coin s’assurant à tout instant la participation des autres larrons, ne trompent pas.
Fin des festivités
Le temps d’observer cette cour des miracles, une bonne demi-heure, voire 45 minutes ont passé. Soudain, léger mouvement de foule vers la sortie de la rue St Guillaume, côté Grenelle. Je n’y prête d’abord pas attention. Celui-ci ne faiblissant pas mais allant au contraire en s’intensifiant, je décide d’y jeter finalement un coup d’œil. La police carapaçonnée a débarqué sans crier gare. Double cordon de flics solides. Leurs larges boucliers rectangulaires colmatent les brèches dans le dispositif bleu marine. Des étudiants derrière eux scandent « Laissez les sortir ! » On est à deux doigts de convoquer la mémoire du ghetto de Varsovie.
J’emboîte le pas aux manifestants courageux mais pas téméraires qui décident, les festivités ayant assez duré et toute bonne chose devant connaître une fin, de s’exfiltrer. Un étroit corridor d’évacuation a été ménagé par la police ; on l’emprunte en file indienne. Disparaît alors dans la nature l’essentiel de notre troisième catégorie. L’heure du goûter étant passée, on se rattrapera sur l’happy hour des bars environnants. Là, le demi de bière se négocie à 8 euros. Pas grave, c’est probablement papa qui paye.
Je décide pour ma part de rejoindre maintenant l’autre entrée de la rue St Guillaume, pour aller jeter un coup d’œil à la partie israélienne. Pas de bol, j’apprends en arrivant qu’ils ont été dégagés sans grand ménagement par la police il y a plusieurs minutes. À leur place, un autre large cordon de CRS – les 44 2B. Ceux-là sont encore plus harnachés que les précédents : tous disposent d’un lourd casque anti-émeute. Ils sont occupés à contenir une partie de la foule cherchant à quitter les lieux. Je filme la scène, posé de l’autre côté de la ligne de gendarmes.
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Mais en l’espace de quelques secondes, cette ligne se brise pour évacuer les manifestants dans ma direction, et se referme presque aussi rapidement qu’elle s’était ouverte. Je me retrouve donc au milieu des militants pro-Palestine, et dans l’impossibilité d’articuler le début d’une explication au gendarme qui me talonne en m’exhortant à avancer d’un bon pas. Les CRS sont d’une extrême efficacité dans leur tâche et encadrent le troupeau vociférant vers la bouche du métro Rue du Bac. Un gueulard de la bande lance d’une voix d’ivrogne de grands slogans repris par les autres moutons transhumants. À côté de moi, une petite dame replète se lamente au téléphone de « l’inégalité de traitement qui nous est infligée par les flics par rapport aux feujs. Enfin, t’as compris Mireille, par rapport aux sionistes quoi. »
Peu de grabuge finalement
Finalement, tout le monde est fermement invité à s’engouffrer puis à déguerpir dans le métro. L’essentiel de la troupe lance quelques imprécations couardes, puis finit par s’exécuter. Quant à moi, je réussis à m’échapper et entreprends alors de revenir sur mes pas. À l’entrée de la rue Saint-Guillaume, d’autres CRS se sont entre temps déployés. Ils chargeront le reste des pro-Hamas quelques minutes à peine après mon retour. Deux camions sont arrivés : un de pompiers, un du SAMU. Il y aura finalement eu un peu de grabuge.
Il est saisissant d’observer la différence, le choc faramineux entre ces deux mondes qu’incarnent d’un côté nos forces de l’ordre ; disciplinées, inflexibles, diablement organisées, ô combien humaines et patientes, et de l’autre côté, l’assemblée des pouilleux et désœuvrés mentaux, islamistes et jeunes cons, rassemblés pour abattre, pour certains contre leurs premiers intérêts, la civilisation française. Que grâce soit rendue à nos gendarmes et à nos policiers. On est en droit de s’interroger sur l’état dans lequel se trouverait la République française en leur absence, ou s’ils devaient se voir un jour désarmés.C’est à ce moment que je choisis finalement de prendre congé, ayant ingéré plusieurs fois la dose maximale recommandée de palestinisme béat et puant. Je finirai mon après-midi en allant rendre visite aux bouquinistes, à la coupole de l’Institut de France et à Notre Dame ressuscitée. Voilà un antidote civilisationnel à nul autre pareil. Dieu merci, Paris est encore Paris. Mais pour combien de temps encore ?
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