Nous avons les élites que nous méritons. À société décadente, têtes mal-pensantes. C’est à démoraliser les parents qui rêvent de Grandes Ecoles pour leurs enfants. Eldorado des futurs planqués et assistés. « Qu’importe le sigle, ENA, X ou ENS pourvu qu’on ait l’ivresse des places ». Le système est ainsi fait qu’il produit des générations de bons élèves qui deviendront des gestionnaires serviles, des inventeurs sans imagination et des politiques sans ambition. Toute cette intelligence transformée en force de régression, ça laisse songeur… Mais où sont-ils les grands entrepreneurs, les capitaines d’industrie, les penseurs de demain ?
Je ne parle pas ici des garde-chiourmes du libre-échangisme à tous crins mais des hommes qui prévoient un autre destin pour notre pays que l’effondrement de son industrie, de sa Classe moyenne et de sa culture millénaire. Naïvement, j’avais cru que ces prestigieuses institutions formaient la crème de la Nation. Des sujets plus brillants, plus visionnaires, plus courageux que la plèbe fangeuse, forcément inculte et réactionnaire. Toutes ces grandes écoles ont montré leur limite. Leur discours est caduc ! La crise du capitalisme financier et de la social-démocratie atteste leur profonde incompétence. A part produire des donneurs de leçons, ces écoles n’ont pas prouvé, sur les quarante dernières années, leur réelle efficience ou compétitivité pour employer des mots qu’elles affectionnent tant.
Pour publier des rapports, pour nous dire comment nous allons être moins bien logés, soignés, éduqués, nourris et que c’est pire ailleurs, il y a du monde, ça se bouscule sur le petit écran. Boursouflés de suffisance, ils défilent sur les plateaux, chiffres à l’appui, graphiques en débandade, pour nous rabâcher la même musique : nous sommes bien trop heureux et nous ne le savions même pas. Ah, ces irresponsables français, rêveurs, toujours à la traîne de la mondialisation, vous avez pensé aux chinois, aux grecs, aux espagnols, aux portugais, etc…Ils se plaignent, eux ? Alors, soyez raisonnables, prenez ce traitement de choc et vous verrez, « on vous promettra pas les toujours du grand soir mais juste pour l’hiver à manger et à boire ». Joli programme en perspective. Si ces élites mondialisées nous déçoivent tant, ce n’est pas par excès de poujadisme mais par comparaison historique.
Nous savons qu’il existe une race d’hommes qui transcende les autres, qui innove, qui crée des emplois et qui ne pratique pas une économie de comptables frénétiques à la recherche du dernier petit sou (Revoir « Le Sucre » de Jacques Rouffio – 1978). Le moule a été cassé au début des années 80. Avant un entrepreneur était à l’origine d’une révolution technique qui changeait la face du monde, aujourd’hui, nos nouveaux maîtres ont inventé des sites de rencontres en ligne. La belle affaire ! Où sont-ils nos nouveaux pionniers de l’automobile, de l’aéronautique, de l’électronique, de la construction, etc. … ?
Le 23 octobre 2012 disparaissait Roland de La Poype, dans une outrageante discrétion médiatique et politique. Trois ans après, nous n’avons pas oublié ce Compagnon de la Libération, Héros de l’Union soviétique, Grand-Croix de la Légion d’honneur. On aimerait tant que les nouvelles élites lui ressemblent, qu’elles aient son cran, son génie créateur et son patriotisme. Quand il embarque le 23 juin 1940 à Saint-Jean-de-Luz pour rejoindre la France Libre, cet élève pilote de chasse fait déjà la fierté de son pays. Le marquis ou le vicomte comme le surnommaient ses frères d’armes avait le panache des Grands Hommes. De la Bataille d’Angleterre à l’épopée du Normandie-Niémen, à bord de son Yak au-dessus de la plaine d’Ielnia ou plus tard, en inventeur du berlingot Dop, de la Citroën Méhari ou du Marineland d’Antibes, il était resté toute sa vie un homme d’action et de conviction. Un conseil, si vous êtes en ce moment sur les bancs de Polytechnique ou d’HEC, inspirez-vous d’un homme de cette trempe-là. Notre pays en a terriblement besoin. En prononçant son éloge funèbre à Saint-Louis des Invalides, Max Armanet avait commencé par ces mots : « Il est des hommes qui nous marquent. Il est des hommes qui nous entraînent. Il est des hommes qui nous illuminent ».
L’épopée du Normandie-Niémen – Roland de La Poype avec la collaboration de Jean-Charles Stasi, Editions Perrin.
*Photo: wikicommons.
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