Peut-on dresser un portrait-robot du climato-sceptique? Des chercheurs australiens ont essayé de le faire.
Aujourd’hui il existe un consensus scientifique sur la réalité du changement climatique ainsi que sur ses causes. Si on conteste ce que la majorité des climatologues présentent comme une vérité indéniable, est-ce parce qu’on a des raisons de douter de cette unanimité ou parce qu’on a un certain type de personnalité ? Une étude conduite par une psychologue et un géographe australiens, Rachael Sharman et Patrick D. Nunn, vient de dresser le portrait-robot du climatosceptique[1]. Après avoir interrogé 390 de leurs compatriotes, recrutés sur les réseaux sociaux en raison de leurs convictions climatosceptiques publiquement affichées, ils ont d’abord relevé les arguments invoqués par leurs interlocuteurs : le climat a toujours varié ; la climatologie n’est pas une science exacte ; les prédictions alarmistes faites par le passé ne se sont jamais réalisées ; et les déclarations des partisans du changement climatique sont motivées par la poursuite de leurs propres intérêts. Ensuite, ils ont dressé le profil type du climatosceptique : il s’agit d’un homme, plutôt âgé, conservateur, très individualiste, très peu ouvert aux valeurs environnementales (quelle surprise !), croyant que nous avons peu de contrôle sur notre destin et – curieusement – doué de grandes capacités d’analyse. Cette psychologisation de la question a suscité l’ire d’Andrew Bolt, l’animateur vedette de la chaîne conservatrice, Sky Australia, et climatosceptique notoire. Il s’est désolé que, désormais, toute remise en cause de la doxa écologique soit assimilée à un « désordre mental ». Son ironie colérique n’est pas tout à fait déplacée. Sur le plateau de « L’heure des Pros » en 2019, la militante écologiste Claire Nouvian était invitée simplement à reconnaître que tout le monde n’acceptait pas la réalité du changement climatique. Sa seule réponse a été de traiter son interlocutrice, Élisabeth Lévy, de « dingue ».
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[1]. Rachael Sharman, Patrick D. Nunn, « Inside the Mind of a Skeptic », The Conversation, 13 septembre 2022.