Le quartier qui entourait, depuis le Moyen-Âge, le palais des rois de France a totalement disparu au XIXe siècle, enfoui sous les gravats des démolisseurs successifs. Dans Rayé de la carte, Jonathan Siksou nous raconte avec maestria ce que fut le coeur battant du Vieux Paris. Plus qu’une description, c’est une résurrection.
Il y a dans Rayé de la carte, le livre inclassable de Jonathan Siksou, le charme d’un souffle figé que Virginia Woolf avait déjà saisi avec la description du Grand Gel, dans Orlando, à travers cette scène incroyable de beauté où des témoins voient une paysanne de Norwich « s’effriter, voler en un nuage de poussière par-dessus les toits, sous le choc glacial de la brise, au coin de la rue ». Mais contrairement à l’œuvre de Woolf et à ce qu’annonce la couverture, le livre de Jonathan Siksou n’est pas une fiction littéraire. Dans ces pages, c’est le cœur battant de Paris qui vole en un nuage de poussière, lui-même dissipé depuis fort longtemps. Le vieux quartier du Louvre, dont aucune trace matérielle n’a survécu jusqu’au nous, si ce n’est une partie du dallage du chevet de la chapelle Saint-Nicaise de l’hôpital des Quinze-Vingts enfoui dans le sous-sol du tabac À la Civette, face à la Comédie-Française. Et ce, alors même que la capitale a été épargnée par les incendies ravageurs, les tremblements de terre ou les bombardements. En 150 pages, le jeune auteur reconstruit ce lieu avec la minutie d’un horloger suisse, pour livrer un récit érudit, savoureux, rédigé dans un style admirable, que la récente production littéraire nous aurait presque fait oublier. Un cocktail qui a effrayé plusieurs éditeurs, avant d’être accepté par les Éditions du Cerf et, on espère, de rencontrer un succès mérité auprès
