Dans un Palais des sports noir de monde, Éric Zemmour a galvanisé la jeunesse du camp national hier soir pour son dernier rassemblement. Une ferveur que personne n’avait revue depuis la campagne de Nicolas Sarkozy, en 2012, selon Maximilien Nagy qui nous raconte la soirée. Et avec une jeunesse qui ose espérer contre les sondages.
La « Génération Z » est depuis l’avant-campagne d’Éric Zemmour la jeunesse la plus mobilisée de tous les partis. Hier soir, plus de 5 000 militants sont venus de Paris et de plusieurs régions de France pour soutenir le candidat dans sa dernière ligne droite vers un premier tour qui s’annonce très incertain pour l’ancien chroniqueur. Donné autour de 10% seulement dans les sondages, il a en tout cas réussi à se démarquer sur un point : il est le candidat qui mobilise le plus la jeunesse. Et de fait, la moyenne d’âge dans la salle n’excédait sans doute pas les 22 ans ! Les membres de Génération Zemmour étaient bien au rendez-vous.
« Quelle joie de vous voir si nombreux dans un moment si capital pour notre nation. Votre jeunesse est un exemple pour tous les Français » a scandé Zemmour. En comparaison, Valérie Pécresse n’a pas rassemblé plus de 6 000 personnes Porte de Versailles dimanche dernier. « C’est le seul meeting pour les jeunes dans cette campagne » s’est félicité Samuel Lafont, le spécialiste de la communication numérique de Zemmour. « Nous avons fait mieux que Pécresse, qui pourtant faisait son plus grand meeting de la campagne. »
« La France est impitoyable pour vous »
Dans un discours d’une heure très animé, Éric Zemmour a su choisir les mots qui font réagir son public : « Vous êtes ceux qui se rient des sondages, parce que vous savez que seul compte la ferveur, seule importe la foi. » On retrouvait à vrai dire des accents faisant penser aux meetings de Nicolas Sarkozy : courtes phrases énergiques, petites confidences, conviction dans les mots ! Il a aussi adressé des remerciements nourris à Génération Z, et à « l’incroyable Stanislas [ndla : Stanislas Rigault], l’homme qui fait peur à Alexis Corbière ».
Outre le rappel des racines chrétiennes de la France, en évoquant la précarité étudiante, Éric Zemmour a montré sa compréhension des difficultés que vivent les étudiants modestes, alors que son programme est souvent pointé du doigt comme trop libéral, trop tourné vers les classes bourgeoises et citadines. « Là, il nous a vraiment touché au cœur » s’exclame Julie, une jeune étudiante en Lettres. On se sent vraiment compris dans nos difficultés, mais aussi encouragés par ses paroles. »
Le drame de Jérémie Cohen a choqué l’opinion en cette fin de campagne
Le candidat de Reconquête ! a ensuite fait respecter une longue minute de silence en hommage à Jérémie Cohen, ce jeune handicapé agressé puis percuté par un tramway dans la ville de Bobigny, au nord de Paris.
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L’exemple fut abondamment utilisé par l’orateur pour dénoncer l’omerta autour des agressions et crimes dans les banlieues. Un moyen, pour lui, de réaffirmer sa proximité avec la souffrance de la jeunesse de banlieues. Mais c’est aussi à toute la jeunesse de France qu’il a souhaité s’adresser, en critiquant la gestion « dictatoriale » de la crise sanitaire, « organisée par McKinsey ». Pendant le meeting, Éric Zemmour s’est présenté comme le représentant d’une jeunesse optimiste et confiante dans l’avenir, éloignée de l’idéologie woke, et de la pensée unique imposée par les « journalistes et les technocrates », copieusement hués pendant cette soirée.
« Nous ne nous tairons plus ! »
« Je veux une jeunesse qui peut parler sans être censurée. Nous ne nous tairons plus ». Le leader de Reconquête ! a avant tout cherché à donner de l’espoir à la jeunesse, en rejetant « l’opposition des sexes », « le djihad », et en tendant la main une fois encore aux musulmans qui souhaitaient s’intégrer.
L’heure n’était donc pas aux polémiques, mais bien à l’espoir : pas de mention de la remigration, ni même de mention du déclin. Éric Zemmour, que l’on a souvent présenté comme à bout de souffle ces dernières semaines, a hier fait preuve d’une grande énergie, énergie nécessaire pour aller jusqu’au bout de cette longue campagne.
Mobiliser
Mobiliser jusqu’à la dernière minute, tel était finalement le grand message du discours du candidat hier soir à Paris. « Rien ni personne ne nous privera de la paix, parce qu’ils voudraient nous arracher le cœur, et ils n’y arriveront pas » a-t-il conclu devant un public déchaîné. Le défi reste de taille : rassembler une droite dispersée et mobiliser les abstentionnistes qui représenteraient 30% de l’électorat. Eric Zemmour aura tenté tant bien que mal de les convaincre ces six derniers mois. « Après cette soirée, il va gagner, j’en suis sûre. Aucun parti n’a autant de jeunes que nous ! » s’est exclamée Lucie, militante « GZ » de la première heure, brandissant fièrement sa casquette bleue aux initiales de Génération Zemmour. Jean Messiha, lui, n’a aucun doute : « Zemmour sera au second tour, je peux vous l’assurer, quoi qu’en disent les sondages. Nous avons vu un enthousiasme formidable dans les villes et dans les villages, même quand ce n’était pas Éric Zemmour. » Les militants de Zemmour ont encore quelques heures pour convaincre les hésitants à choisir leur candidat du camp national… Mais, le « dernier mot », ce sont les urnes qui le diront dimanche.
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