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Glucksmann, le candidat des gnangnans de la mondialisation?

Portrait de l’électeur-type de Raphaël Glucksmann


Glucksmann, le candidat des gnangnans de la mondialisation?
Raphaël Glucksmann et Olivier Faure, Saint-Paul (974), 19 avril 2024 © Alain ROBERT/SIPA

Le champion du Parti Socialiste aux élections européennes a trouvé son public. Il coche toutes les cases des bonnes causes et de la bien-pensance.


Il est professeur d’université, rebelle subventionné, soixante-huitard embourgeoisé ; il a des diplômes, vit dans un beau quartier du centre-ville, mange bio et roule en trottinette électrique. Ses dieux s’appellent Victor Hugo, Albert Camus et Simone de Beauvoir ; comme eux, il est pacifiste, européiste, féministe, humaniste et progressiste. Il ne recule devant aucun des lieux communs de la bien-pensance : sans le moindre souci des contradictions, ce promoteur des États-Unis d’Europe, favorable à l’accueil inconditionnel des migrants chez les autres, laïcard à géométrie variable, hostile à l’assimilation et désarmé devant l’escalade islamiste, est à la fois écologiste et mondialiste, chantre du commerce international, — mais contre le protectionnisme national, et décroissant —, anti-identitaire mais multiculturaliste, opposé à la guerre — mais partisan acharné de l’Ukraine.

Les frontières, c’est la guerre !

Il écoute France Inter, apprécie la neutralité du service public, exècre les « chaînes d’opinion ». Il est volontiers inclusif et bienveillant (avec ses amis) ; enfant des Lumières, amoureux de Voltaire, il croit « toujours » la parole des femmes, approuve les lois de censure, applaudit des deux mains aux jugements de la dix-septième (quand ils condamnent ses opposants), et aux sanctions de l’Arcom.

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Il philosophe par slogans et raccourcis : — la montée des nationalismes est un danger pour nos démocraties (mais le nationalisme ukrainien ?…) ; — guerre rime avec frontière ; — ni compromissions, ni clientélisme avec l’autoritarisme et le communautarisme ! La France, il en est convaincu, avant le progrès, était raciste et misogyne. Guère fin connaisseur de l’histoire de son pays, qu’il divise en deux grandes périodes, l’obscur moyen âge tyrannique et les lumières de la modernité, il se définit comme fils de la Révolution, défenseur de la gauche républicaine, militant des droits de l’Homme et citoyen du monde.

Quand c’est mou, il y a un loup !

Il est un peu socialiste, un peu libéral, atlantiste et universaliste, politiquement de centre-gauche : en deux mots, social et démocrate (pour la droite : mol et gauchiste, pour la gauche : mol et droitard). Mais s’il estime la République, il se défie en revanche de la démocratie : le peuple se trompe, est-ce qu’il n’a pas porté Hitler au pouvoir dans les années trente ? — et avec gravité, il pèse l’importance de l’État de droit. Contre les populismes de tous bords, il jure encore par l’arc républicain ; d’ailleurs, il a voté Macron au second tour de l’élection présidentielle, deux fois, avec un inavouable contentement. Il croit comme les stoïciens à la vertu de la modération, et que la modération, c’est lui qui l’incarne. Pris en tenaille d’un côté par les conservateurs, de l’autre par les progressistes exaltés de la gauche woke, il s’attaque aux premiers principalement, et devant ses amis dénonce avec courage l’extrême-droite, les catholiques et les climato-sceptiques.

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Plutôt rationaliste qu’empiriste, il ne réfléchit que par concepts abstraits, cherche théoriquement la Vérité dans la politique, et défiant toutes les lois de la logique, mais avec la souveraine conscience du Bien, découvre bientôt la nécessité de plus de normes européennes, de plus de dépenses publiques, et de plus d’immigration. Pense-t-on différemment ? nous sommes dans l’erreur, sinon des criminels. Parce qu’il fuit les contradicteurs, il s’imagine d’accord avec la France majoritaire. Les sondages le laissent pantois ! — alors, il s’étonne auprès de ses amis, sidéré, puis soupire sur la République en danger.

100% pur jus

Socialiste arriéré des dernières décennies, il regrette Hollande, Jospin, Mitterrand. Il n’a pas pardonné au président Macron la loi immigration, Sainte-Soline et Depardieu ; mais jamais il ne tombera dans les filets de l’extrême-gauche, car il soutient l’Ukraine inconditionnellement, lui, et condamne le Hamas avec fermeté. Grand promoteur de l’égalité, héroïque pourfendeur du patriarcat, confit dans le consensualisme avec son jus, il est de toutes les causes progressistes, lutte impitoyablement contre l’oppression des minorités, n’a pas peur de l’écriture inclusive, ni de critiquer l’Académie française. Rebelle dans la peau, quoique vautré dans l’air du temps, cherchant à s’insurger désespérément, il soutient les Ouïghours sur Instagram, et puis s’endort avec le sentiment du devoir accompli, après avoir dîné d’un plat livré par un cycliste Deliveroo sans papiers…

Contre le risque totalitaire et les idéologies mortifères, face à la menace Poutine, il ira voter aux élections européennes pour le seul candidat qui pense bien, il ira voter pour Raphaël Glucksmann.



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Ancien étudiant au lycée Henri-IV de Paris, avocat puis professeur de lettres, Paul Rafin a créé le blog Les Grands Articles, consacré à la littérature française et étrangère. www.lesgrandsarticles.fr

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