Chacun le sait, si la mondialisation a quelques effets collatéraux désagréables par chez nous, le consommateur s’y retrouve, à défaut du travailleur. Et puis, ne soyons pas si égoïstes : les ouvriers du tiers-monde ont autant besoin d’emplois que les ménagères occidentales de marinières « bretonnes » à 6,99 euros.
Bref, on vit dans le meilleur des mondes, sauf quand on y meurt, ce ne sont pas les 1129 prolétaires bangladais malencontreusement décédés le 24 avril dernier lors de l’effondrement du Rana Plaza, qui vous diront le contraire.
Il se trouve que les familles des victimes, ainsi que les 1650 blessés, ont l’outrecuidance de réclamer quelque indemnisation pour le préjudice subi. Leur montant s’élève en tout à seulement 54 millions d’euros : là-bas, même la vie humaine est lowcost.
Mais c’est quand même beaucoup trop cher pour les entreprises impliquées dans le drame, selon le collectif Ethique sur l’étiquette, et l’ONG Peuples Solidaires, « seules sept marques[1. Primark, El Corte Ingles, Loblaw, PVT, Matalan, Benetton et Premier Clothing.], parmi les dizaines qui avaient une production au Rana Plaza, se sont engagées à indemniser les victimes. En France, aucune des marques dont des vêtements ou étiquettes ont été retrouvées dans les décombres n’a à ce jour reconnu sa responsabilité ni accepté de participer au fonds d’indemnisation des victimes. ».
Parmi ces enseignes françaises récalcitrantes, le cas de Camaïeu était particulièrement sensible pour les humanitaires qui affirment dans leur communiqué que « Camaïeu, dont des étiquettes et un pantalon ont été retrouvés au milieu des gravats par des organisations locales de défense des droits des travailleurs, et filmés par des journalistes, garde le silence face à nos sollicitations répétées. »
En vertu de quoi, les associations, soutenues par l’intersyndicale Camaïeu, que nous félicitons au passage, ont appelé mardi à un rassemblement symbolique devant le siège du groupe, qui a aussitôt mis les pouces et s’est engagé à participer à l’indemnisation. On a fini par se rendre compte, chez Camaïeu que qui vit par l’image peut aussi en périr…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !