Après l’opération du FBI consistant à fouiller sa propriété en Floride, Donald Trump s’est prétendu victime d’une campagne d’intimidation organisée par le locataire actuelle de la Maison blanche. La plupart des médias ont accueilli ses affirmations avec scepticisme, moquerie ou indignation. Pourtant, on peut se demander si, aujourd’hui, la justice américaine est vraiment impartiale. Analyse. Suite et fin.
Le FBI est une agence fédérale dont l’origine remonte aux années 1920. Ses initiales signifient « Federal Bureau of Investigation ». Sa fonction est de traquer les criminels pour les amener devant la justice. Sa spécificité est de pouvoir passer outre les limites des États. Son créateur fut Jay Edgar Hoover qui en fut également le premier directeur de 1935 à sa mort en 1972.
Techniquement, le FBI est une agence indépendante et politiquement neutre. D’ailleurs, son directeur est nommé par le président des États-Unis, et son mandat dure dix ans, deux fois et demie la durée d’un mandat présidentiel, assurant au titulaire du poste de servir sous plusieurs présidents, parfois de partis opposés. Le président garde le privilège de pouvoir licencier ce directeur mais, dans les textes, le FBI est censé assurer la continuité de la justice, au-delà des divergences partisanes.
Le directeur actuel du FBI s’appelle Christopher Wray. Il a 56 ans et a été nommé par Donald Trump en 2017 en remplacement de James Comey, nommé par Barack Obama en 2013 et contraint de démissionner.
Concrètement, le FBI est le bras armé du ministère de la Justice. Ses agents sont des fonctionnaires. Le ministère de la Justice n’est pas neutre. À sa tête, on trouve un ministre appelé « Attorney General », nommé par le président et servant à sa guise. Le président John Kennedy, en 1961, avait nommé son frère Robert à ce poste, la seule personne en qui il avait une confiance totale… Le titulaire actuel s’appelle Merrick Garland, c’est un magistrat de 70 ans, originaire de Chicago, comme Barack Obama, que ce dernier avait tenté de placer à la Cour Suprême en 2016, se heurtant à l’opposition du Sénat républicain qui n’avait jamais confirmé la nomination… Merrick Garland est ancré à gauche, c’est un défenseur de la culture « woke », un partisan du pouvoir syndical, obsédé par le suprémacisme blanc. C’est un adversaire farouche des Républicains, envers qui il a une revanche à prendre pour sa non-confirmation en 2016. Il a le plus profond mépris pour Donald Trump qu’il considère comme un parvenu autoritaire et dangereux….
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Le FBI a toujours eu sa part d’ombre. Pendant la Guerre Froide, cette agence a surveillé de manière routinière, et parfaitement illégale, un certain nombre de citoyens américains. Des personnages politiques, mais aussi des vedettes de cinéma ou de la musique (Groucho Marx -peut-être à cause de son nom ? – Elvis Presley, John Lennon, Jane Fonda, etc). Dans les années soixante l’agence se focalisa sur les figures dites « subversives » comme Martin Luther King, ou Malcolm X, des membres des Black Panthers ou des Weathermen, deux organisations radicales revendiquant la lutte armée. Le Ku Klux Klan était également dans son viseur. Dans les années 1980 il fut révélé que plus de huit mille Américains avaient été, à un moment ou un autre, mis sur écoute par le FBI.
Le FBI bénéficie d’une culture de l’impunité. Aucun de ses agents n’a jamais été poursuivi pour avoir fait usage d’une arme à feu contre des personnes innocentes. Même si parmi les plus de cent cinquante personnes tuées par le FBI depuis sa création, l’agence a reconnu quelques bavures…
C’était hier. Ceux qui pensent que cette époque est révolue se trompent… Car depuis cinq ans, le FBI semble s’être affranchi de tout limite dans la poursuite de ceux qu’il considère comme les ennemis de l’État, et la protection des « gentils ».
Juillet 2016, Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’État, est mise en cause pour avoir utilisé un serveur privé pour ses communications professionnelles et effacé plus de trente mille emails. Ses assistants ont délibérément détruit des téléphones portables pour rendre leur contenu inaccessible. Il s’agit là de violations graves des règles gouvernementales mettant en cause la sécurité nationale. Alors même qu’Hillary Clinton brigue la Maison Blanche. Lorsque le rapport sur ses agissements paraît, le FBI, par la bouche de son directeur d’alors, James Comey, ne peut nier que la Secrétaire d’État a agi de manière « extrêmement négligente », mais il décide de ne pas engager de poursuites et l’exonère de toute sanction.
Au même moment, le FBI met sur écoute plusieurs collaborateurs de Donald Trump, alors lui aussi candidat à l’élection présidentielle, pour des soupçons de collusion avec la Russie. Pour justifier ces écoutes le FBI cite un rapport – le dossier Steele – qu’il sait être un faux concocté à la demande du parti démocrate et d’Hillary Clinton pour nuire à Donald Trump. Pire, le FBI falsifie certains documents pour obtenir qu’un juge autorise les écoutes. Le coupable de la falsification sera démasqué et renvoyé deux ans plus tard.
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Au sein du FBI plusieurs agents se lient pour manipuler les médias et l’opinion publique afin d’empêcher Trump de remporter l’élection. Violation patente de la neutralité politique dont se targue l’agence
Après la victoire de Donald Trump en novembre 2016, le FBI maintient son enquête sur une possible collusion avec la Russie, tout en sachant qu’il s’agit de pures élucubrations. Deux agents utilisent le prétexte de l’enquête pour interroger le général Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale désigné du président Trump, et le piéger. Ils obtiennent de lui un parjure qui l’oblige à quitter sa fonction. Après coup il apparaitra que le président Obama, et son vice-président d’alors, Joe Biden, ont tous les deux approuvé la poursuite de l’enquête, alors même qu’ils avaient été informés qu’elle était sans fondement.
Sous la pression des médias et du Congrès, le ministre de la Justice d’alors nomme un procureur spécial, Robert Mueller, lui-même ancien directeur du FBI, pour enquêter sur cette supposée collusion avec la Russie. L’affaire va envenimer les deux premières années de la présidence de Donald Trump et déboucher sur une exonération totale du président et de son entourage.
Néanmoins dans le cours de l’enquête, le FBI va mener plusieurs raids – identiques à celui de Mar-A-Lago – contre les proches de Donald Trump, dont ses deux avocats, Michael Cohen et Rudy Giuliani, Paul Manafort, qui fut brièvement son directeur de campagne, ainsi que Roger Stone, un vieil activiste du parti Républicain, ami de Donald Trump. À cette occasion, le FBI préviendra CNN à l’avance, et le raid sera retransmis en direct à la télévision pour que l’Amérique entière soit témoin de la puissance de l’agence : « FBI ! Open the door… »
Dans le même temps, le fils de Joe Biden, Hunter Biden, est mis en cause pour ses relations d’affaire, cette fois bien réelles, avec des dignitaires ukrainiens, russes et même chinois. Hunter Biden a profité du prestige et de la position de son père, vice-président de 2009 à 2017, pour se faire grassement rétribué par des firmes étrangères. Il a accumulé des millions de dollars et ce faisant a peut-être compromis la sécurité nationale. Mais le FBI ferme les yeux et le département de la Justice aussi.
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Lorsqu’en octobre 2020, à quelques semaines de l’élection présidentielle, un ordinateur ayant appartenu à Hunter Biden et contenant des milliers d’informations extrêmement sensibles est découvert, le ministère de la Justice refuse toujours d’ouvrir une enquête. Il prétend que l’ordinateur est un faux. L’information est reprise en masse par tous les médias dominants, du New York Times à CNN qui dénoncent une « désinformation russe ». D’anciens officiers du renseignement se portent garants pour confirmer qu’il s’agit de désinformation. L’affaire est étouffée. Quand le New York Post, quotidien conservateur, apporte la preuve que l’ordinateur est bien réel et contient des informations qui mettent gravement en cause le fils de l’ancien vice-président, le journal est censuré, ses comptes sur les réseaux sociaux suspendus.
À l’évidence l’enjeu était trop important. L’affaire aurait ruiné les chances de victoire de Joe Biden. L’appareil d’État a donc fait corps. Au diable la démocratie, la justice et l’équité.
Le fils Biden a commis bien d’autres délits : consommation de crack, relations sexuelles tarifées, et il s’est procuré une arme à feu illégalement, qu’il a inopinément oubliée dans la poubelle d’un fast-food. Néanmoins, il n’a jamais été poursuivi. À ce jour, le domicile d’Hunter Biden n’a jamais été perquisitionné.
On a également appris depuis que Joe Biden, désormais président des États-Unis, a menti à plusieurs reprises, y compris devant des millions d’Américains lors des débats présidentiels de la campagne électorale de 2020, sur sa connaissance des agissements de son fils. Mais il n’a jamais été inquiété. Pour lui, pas d’enquête, pas de procès en destitution pour parjure. Il appartient au camp du bien. Il en est même le chef ou la marionnette !
Aujourd’hui, la réputation du FBI est au plus bas dans l’opinion américaine. Moins d’un Républicain sur quatre, un Indépendant sur trois, et à peine plus d’un Démocrate sur deux lui font confiance. Le raid sur Mar-A-Lago n’a rien arrangé.
La question est de savoir combien de temps les Américains vont supporter ces abus.
Pour la moitié d’entre eux, il ne faut aucun doute que le gouvernement démocrate est entré en guerre contre tous les citoyens qui soutiennent Donald Trump et que ce gouvernement, soutenu par les médias, la justice et les élites fortunés d’Hollywood et de l’industrie high-tech, sacrifiera les libertés et la démocratie pour se maintenir au pouvoir. D’ailleurs pour eux, cet appareil d’État a bel et bien volé l’élection présidentielle de 2020…
Comme le dit Donald Trump dans l’un de ses messages de campagne « ce n’est pas après moi qu’ils en ont, c’est après vous. Mais comme je les gêne, c’est moi qu’ils veulent détruire d’abord. »
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