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L’audiovisuel public: un petit air italien…

En Italie, le pouvoir place ses pions au sein d'un audiovisuel public orienté à gauche depuis des décennies


L’audiovisuel public: un petit air italien…
DR.

En Italie, Giorgia Meloni veut une révolution culturelle à la RAI, la télévision publique. Elle a chargé Giampaolo Rossi de la mener, en le nommant à sa tête. Les opposants craignent l’avènement d’une «Télé Meloni», alors qu’à droite on se félicite d’un possible retour du pluralisme sur les écrans. Une situation qui fait évidemment penser à ce que le Rassemblement national envisage de faire en France…


Il paraît que si on faisait voter les journalistes de la RAI, en Italie, aujourd’hui, la gauche gagnerait, et que le résultat ne représenterait pas du tout le pays. Cette réflexion est celle d’un responsable de droite, anonyme, interrogé par Le Monde, qui est arrivé en poste avec le gouvernement Meloni.
« Il y aurait donc une « asymétrie culturelle » à laquelle il importe de remédier grâce à ce fameux « nouveau récit » national. « Il nous faut moins de promotion des LGBT et plus de contenus favorables à la tradition familiale », préconise-t-il. » (« La RAI, télé guidée » par Allan Kaval dans M, le Magazine du Monde).
J’ai extrait ce court passage d’un article globalement défavorable [1] au projet de réforme de la RAI par le gouvernement Meloni.

Les médias publics se vivent comme un « contre-pouvoir »

Le point de vue développé par cette personnalité de droite ne saurait être rejeté avec la volonté de favoriser l’opprobre sur l’expression de toute pensée conservatrice dans les médias publics, en l’occurrence de la RAI. Même si le Rassemblement national n’est pas arrivé au pouvoir après le second tour des élections législatives, il est difficile de contester que la France penche très fortement à droite. Et que l’audiovisuel public a un parfum subtil ou ostentatoire de gauche. Cette donnée est aisément vérifiable au quotidien et peut s’expliquer d’abord par la logique profonde des médias publics qui, à mon sens de manière perverse, assimile le pouvoir à la droite et se vit comme un contre-pouvoir. La gauche est perçue par eux comme l’alliée naturelle du progrès, de la liberté d’expression et de l’impartialité.

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Sur le plan politique, cette dérive peut se trouver relativement limitée, car on a beau vouloir tordre la réalité dans tous les sens, reste que les faits ont leur pesanteur et que l’information, au risque d’être totalement discréditée, se doit d’en rendre compte. En laissant, il est vrai, le champ libre à une interprétation qui, sauf dans de rares publications assumant l’honneur d’être conservatrices, tourne vers des analyses inscrites dans le progressisme de gauche.
Dans le registre sociétal comme on dit, l’audiovisuel public n’est entravé par rien. Il serait scandaleux, voire indécent, de ne pas pourfendre toute « tradition familiale », la normalité majoritaire des conduites hétérosexuelles et de leurs conséquences naturelles, les valeurs et les principes ayant structuré notre société et façonné une civilisation de qualité depuis des siècles. Et, plus globalement, de ne pas tourner en dérision tout ce qui est conservateur et prétend à l’ordre, à la discipline, à l’acceptation des hiérarchies fondées sur le mérite et la compétence, à la diffusion d’un art intelligible et universel, à une humanité respectée parce que respectable et se respectant elle-même.

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Macron-compatible

Je suis persuadé que, si on faisait voter, comme en Italie, les journalistes de l’audiovisuel public, ils ne seraient pas loin de faire preuve d’une révérence de gauche tout en s’indignant du culot que nous aurions à mettre en cause leur honnêteté. Ils ne seraient sans doute pas si éloignés du pouvoir incarné par le président Macron qui n’a eu de cesse, dans beaucoup de secteurs, de promouvoir l’incongru au détriment de ce qu’on pourrait appeler, pour s’en féliciter, l’évidence des attitudes ordinaires, la banalité des bons choix, compris parce que justes. Tout ce qui viendra, dans les prochaines années, constituer l’audiovisuel public comme un formidable outil au service du public et de son pluralisme sera, j’en suis sûr, bienvenu et accepté. Avec un air italien ou non.


[1] https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/07/12/giorgia-meloni-a-l-offensive-sur-l-audiovisuel-public-italien_6248877_4500055.html



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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