«Rage ritual»: derrière la thérapie féministe loufoque qui amuse les réseaux sociaux, un petit business fort lucratif…
En ce moment, sur TikTok, une vidéo remporte un certain succès : on y voit, dans une forêt, des femmes déchaînées frappant rageusement le sol avec des bouts de bois en poussant des hurlements. Cette vidéo promotionnelle a été postée par la « coach d’évolution personnelle » Mia Banducci alias Mia Magik. Cette autoproclamée « fée marraine spirituelle » organise en effet de réjouissantes « retraites » pastorales durant lesquelles ses « sœurs » peuvent « libérer leur colère » contre le patriarcat grâce à un… « rituel de rage ». Le déroulement de ce rituel, explique Mia Magik, est simple : les participantes rassemblent des bouts de bois en pensant aux personnes qui les ont contrariées ou blessées d’une manière ou d’une autre – naturellement, ces tourmenteurs sont essentiellement des hommes. Après une légère séance d’échauffement des bras et quelques vocalises, les filles se lâchent : danses de Saint-Guy et vociférations rythment la pulvérisation des bouts de bois sur le sol. Épuisée, chacune communie ensuite avec la nature en enlaçant un arbre ou sa voisine en sueur. Mia Magik montre l’exemple et participe activement à chacun de ces rituels qu’elle facture 220 dollars par tête de pipe. À ce tarif-là, la « prêtresse énergétique » Jessica Ricchetti ne veut pas être en reste : le 7 juin prochain, elle organise en Caroline du Nord un « rituel de Rage sacrée » lors d’une « retraite alchimique pour femmes » où il est prévu, après une prometteuse « cérémonie du Feu de la Femme sauvage », d’enseigner aussi bien « la Beauté de la Rage » que « la Sagesse de l’Ombre ». Programme chatoyant. En juillet, les Canadiennes auront droit elles aussi à leur « Cérémonie de la rage sacrée » mystico-primitive grâce à Secret Sanctuary, un « espace communautaire » situé en Alberta et proposant moyennant finances des « services de bien-être » – équilibrage des chakras, coaching spirituel, massage chamanique, etc. – ainsi que, ô progrès indiscutable, un hébergement spartiate avec des « toilettes à compost ». Et dire qu’il y a encore des ronchons atrabilaires pour penser que l’Occident décline.