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Le racisme socialement accepté des bonnes âmes antiracistes

Pour les adeptes du multiculturalisme, tous les peuples ne se valent pas


Le racisme socialement accepté des bonnes âmes antiracistes
Emilise Lessard-Therrien, député du parti Québec Solidaire. ©Capture d'écran Youtube

Aux yeux des adeptes du multiculturalisme, tous les peuples ne se valent pas. Quand certaines catégories de personnes sont sacralisées, d’autres sont par principe dénoncées. Dernier exemple en date au Québec où un député antiraciste a comparé les Chinois à des « prédateurs ».


Ils sont encore nombreux à parler d’égalité. Après l’égalité entre les hommes viendrait l’égalité entre les cultures, après l’équité économique viendrait l’équité identitaire. Les civilisations seraient différentes, mais équivalentes. Elles seraient également riches en art, en traditions et en littérature. De cet égalitarisme naît une forme de relativisme : toutes les cultures du monde mériteraient d’être préservées, comme autant d’éléments d’une biodiversité menacée. Il faudrait sauver les savoirs ancestraux comme les ours polaires du grand nord canadien. Il faudrait être écologique en matière de cultures, à l’échelle mondiale comme à l’intérieur même des États occidentaux.

Les Chinois, « on les appelle entre nous les prédateurs »

À première vue, le multiculturalisme parait égalitaire, mais il est profondément inégalitaire. Partout où elle est imposée, cette idéologie crée des catégories hermétiques de personnes, des classes à part de citoyens. Que le multiculturalisme produise des ghettos n’est pas une grande nouvelle. Toutefois, il ne se contente pas de séparer les communautés, il les hiérarchise. Les plus « opprimés » sont sacralisés, tandis que les plus « occidentalisés » sont quasi ignorés. Le multiculturalisme prend la forme d’une pyramide de susceptibilités.

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Récemment au Québec, un parti de gauche antiraciste a été accusé de racisme antichinois, ce qui en a amusé plus d’un sur les réseaux sociaux. La députée Émilise Lessard-Therrien, de Québec solidaire, a déclaré que les Chinois voulaient s’emparer des terres agricoles revenant aux Québécois « de souche ». « Ils se promènent dans les rangs, ils préparent le terrain pour venir éventuellement, ils font beaucoup de représentation. On les appelle entre nous les prédateurs. Ce sont des prédateurs de terres agricoles et on les voit, on le sent », a affirmé la députée dans une entrevue. Sa déclaration a fait « polémique », mais les gens ont rapidement relativisé son importance. On le sait, les gens de gauche ne pourraient pas vraiment être racistes, surtout s’ils ne parlent que de péril jaune…

Le multiculturalisme a ses Intouchables

La question n’est pas ici de savoir si les Chinois représentent un danger économique dans la Belle Province. Elle est de savoir si toutes les communautés sont également protégées par la religion multiculturelle. La réponse est non. Au Québec, le débat entourant la « sinophobie » des solidaires a fait ressortir une réalité importante : dans nos sociétés influencées par les lobbies identitaires, il y a des « racismes » socialement acceptés. En Occident, on peut encore critiquer les Chinois et les Latinos, entre autres « demi-racisés ». Mais on ne peut plus, depuis longtemps, parler des « Afro-descendants » ou des musulmans quels qu’ils soient. Le multiculturalisme a ses Intouchables : ses clercs ont érigé un système de castes.

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L’hypocrisie du multiculturalisme est encore plus flagrante à l’ère du retour fulgurant de l’antisémitisme. En France, le réveil antisémite est indéniable, qu’il soit manifeste ou parfois camouflé sous « l’antisionisme ». Le multiculturalisme ne protège que les victimes officielles du système, celles dont le mythe est entretenu dans certains médias et département universitaires. Le multiculturalisme s’accoutume très bien du racisme antiblanc, dont la haine du peuple juif est l’une des manifestations les plus tangibles. Même à l’échelle mondiale, les Occidentaux ne sont pas vus comme un groupe culturel à protéger, mais comme une masse homogène, aliénante et destructrice des autres identités. Le multiculturalisme ne prend en compte que les identités folklorisées : il hérite d’une vision coloniale de la culture plutôt condescendante.

De l’inégalité entre les peuples

Il exclut de sa sphère d’application les groupes indésirables dont la culture ne mériterait pas, elle, d’être préservée. Au bout du spectre, il y a les méchants Occidentaux et les Juifs, mais au centre, des groupes intermédiaires comme les Chinois et les Latinos. Cette idéologie ne se préoccupe que des minorités déjà surprotégées par le politiquement correct. Il est extraordinairement paradoxal de constater que des socialistes se soient convertis au multiculturalisme dans les trente dernières années. Ils sont passés de l’égalité entre les hommes à l’inégalité entre les peuples.

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Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

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