Vu de loin, le Canada est le paradis de la diversité, le pays de l’identité heureuse. Mais il suffit d’enlever ses lunettes roses pour le découvrir autrement. Allons-y d’un exemple torontois. Fin juin, Radio-Canada nous apprenait que l’université de Toronto, qui passe pour une des grandes institutions du pays, accueillerait une cérémonie de remise des diplômes réservée aux étudiants noirs. On la justifiait au nom de l’inclusion et de la diversité, naturellement, et il n’est pas vraiment permis de dire ou penser le contraire. Qu’on nous permette néanmoins de voir les choses autrement. Dans les faits, l’université de Toronto a cautionné, et même encouragé et financé, un événement fondé sur le principe de la discrimination raciale. On imagine aisément la réaction si un événement de même nature avait été réservé aux Blancs !
Abolition des cultures et des nations
Et pourtant, on ne sera pas trop surpris, car ce type d’événement est désormais banal dans le monde académique nord-américain. Par un étrange retournement de l’Histoire, le progressisme pousse désormais à la racialisation des rapports sociaux. La gauche antiraciste ne veut plus voir des Norvégiens, des Finnois, des Québécois ou des Allemands : elle ne veut voir que des Blancs. Elle ne veut plus voir des Congolais, des Sénégalais ou des Kényans : elle ne veut voir que des Noirs. Elle ne veut pas voir des Coréens, des Chinois ou des Japonais : elle ne voit que des Asiatiques. Autrement dit, elle souhaite abolir les nations et les cultures, réalités historiques proprement humaines, pour définir les hommes exclusivement par la couleur de leur peau. La bureaucratie diversitaire vient normaliser ces catégories sur le plan administratif. Il suffit de consulter un formulaire universitaire canadien pour s’en convaincre.
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C’est dans un même esprit qu’on dénonce de plus en plus souvent l’appropriation culturelle, ce qui est la nouvelle manière de dénoncer le métissage. On célèbre les différences « raciales » mais il faudrait se méfier de la mixité dans la mesure où elle représenterait en fait l’écrasement des groupes minoritaires. De la même manière, la gauche radicale souhaite interdire sur les campus les conférenciers qui heurtent sa vision du monde. On entend transformer l’université en « safe space » : la sociologie victimaire vient à la rescousse de ceux qui voudraient s’imperméabiliser contre les discours contredisant leur vision du monde. Au nom du respect de la sensibilité des minorités, en plus de légitimer le racisme, on a bel et bien consacré une nouvelle forme de censure. Bravo !