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Rokhaya, sors de ce corps!

Quand le racialisme gagne la presse libérale


Rokhaya, sors de ce corps!
Eric Le Boucher Image: capture d'écran YouTube

À propos d’une chronique d’Eric Le Boucher, dans laquelle le journaliste regrette que l’économie soit à l’arrêt (horreur!), tout ça pour des « vieux blancs malades »


Ce 3 mai, Eric Le Boucher a écrit pour le site L’Opinion une chronique dans laquelle il expose à nouveau son idée que le confinement a été une catastrophe, du point de vue économique, et que le pire est à venir. Mais aussi que le confinement était « obligatoire » parce qu’il était inenvisageable pour les gouvernements de laisser mourir potentiellement des centaines de milliers de personnes.

Le racialisme gagne l’opinion française

On peut bien sûr discuter nombre de points soulevés dans cette chronique, en particulier celui qui interroge nos sociétés occidentales qui « se débarrassent » de leurs aînés dans des Ehpad tout en versant « des larmes » sur leur sort au moment de cette crise sanitaire. Ou encore celui de faire de cette génération de « baby boomers » dans son ensemble LA génération insouciante qui aura ardemment et jalousement profité de ce temps béni de « l’emploi facile », du « sexe libre » et de la paix, sans jamais en éprouver le moindre remords (discours qui étaie généralement ceux des écologistes les plus durs, par exemple), et qui par conséquent peut bien, d’une certaine manière, céder la place, selon le journaliste.

Mais ce qui étonne et détonne surtout dans cet article, c’est l’utilisation d’une terminologie « racialiste » qui semble accréditer sournoisement l’idée que les Blancs sont, fondamentalement, des privilégiés qui tirent la couverture à eux jusqu’au seuil de leurs tombeaux.

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Le titre de la chronique est à la fois étrange, incongru, trivial et (volontairement ?) cynique et choquant : « Coronavirus : tout ça pour des vieux blancs malades ! » 

Plus loin, le journal fait un résumé de la première partie de sa chronique : « En l’état actuel de sa diffusion, la pandémie tue les vieux déjà malades et blancs. » Puis il explique : « Le monde a totalement arrêté l’économie pour sauver des vieux blancs déjà malades » ; ou écrit : « Reste notre sauvetage des vieux blancs de 84 ans. »

Avec sa « discrimination sanitaire », Le Boucher charcute l’universalisme bien de chez nous

Revenant à intervalles réguliers des États-Unis où elle se rend afin d’affiner son discours, Madame Rokhaya Diallo participe médiatiquement et activement à cette nouvelle obsession « racialiste » qui envenime de plus en plus souvent les débats en France. 

Nous avons pu la deviner jusque dans les propos d’une actrice ou d’une adolescente suédoise qui considéraient que les dégâts causés à la planète, ou que « la vision des films », étaient de nature patriarcale, raciste et… blanche.

C’est aujourd’hui Eric Le Boucher qui nous la ressert et on peine à comprendre le raisonnement logique qui l’a amené à souligner la couleur de peau de ceux de nos concitoyens que nous essayons de protéger du virus mortel. Le journaliste sous-entend-il que les vieux blancs sont parvenus à cet âge (84 ans et plus !) parce que blancs, donc ayant profité toute leur vie d’une discrimination sanitaire, alimentaire, etc. favorable aux blancs, ou qu’ils ont été mieux pris en charge, du fait d’une pâleur plus blanche que jamais à l’orée du grand âge, que des personnes d’une autre couleur de peau ? Sous-entend-il que si les vieux avaient été noirs ou jaunes, dans nos Ehpad, nous les aurions laissés plus facilement mourir ? Veut-il simplement souligner, par un détournement linguistique étrange, la forte mortalité dans des pays qui comptent plus de vieux à la peau banche qu’à la peau noire ou jaune, hémisphère Nord contre hémisphère Sud ? N’aurait-il pas été plus simple alors de parler en termes géographiques plutôt qu’en termes racialistes et épidermiques ? A-t-il voulu suggérer finalement que si les victimes du coronavirus avaient été majoritairement des Noirs ou des Jaunes, l’économie mondiale aurait continué de tourner comme avant ? Tout cela est possible. Et plus encore.

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Car il est possible aussi que Le Boucher ait fait, en toute conscience, le choix de ce syntagme discriminant et raciste en espérant qu’il résonne avec toutes les thèses en cours sur la domination des blancs, des occidentaux, sur le décolonialisme ou sur le « racisme d’État ». Lui qui prône depuis longtemps l’immigration massive (dont il croit qu’elle permettra l’augmentation des salaires !?), a peut-être voulu jeter un pavé dans la mare de ce vieux pays de blancs racistes qui ne voient pas du même œil amouraché que lui l’arrivée des « migrants » à la peau plus foncée.

Bande de fragiles!

Il est également possible qu’il ait lu, sur le site Slate.fr dont il est un des co-fondateurs, le très long article d’une universitaire américaine expliquant la notion de « fragilité blanche » développée par la sociologue Robin DiAngelo et qui fait le bonheur de tous les campus « progressistes » américains et de Rokhaya Diallo. En un mot : quoi qu’il fasse ou pas, quoi qu’il dise ou pas, le blanc est raciste. S’il se tait ou tente d’argumenter ou devient hystérique ou sort de la salle à la seule évocation de son racisme « inconscient », il aura fait la démonstration de sa « fragilité blanche », celle d’une personne qui « n’est pas habituée à remettre sa couleur de peau en question », qui ignore le racisme subi par d’autres, qui manque « d’endurance » pour discuter de racisme.

Eric Le Boucher a-t-il voulu mesurer le degré de notre « fragilité blanche » ? Pourquoi pas, après tout. Au vu des thèses les plus folles courant en ce moment sur les campus américains et nous revenant en pleine figure via certaines personnalités universitaires, artistiques ou médiatiques, nous devons donc nous attendre très prochainement à des articles évoquant toutes nos autres « fragilités », et à d’autres titres choc : « Coronavirus : Tout ça pour des vieux colonialistes malades ! » , « Coronavirus : Tout ça pour des vieux hétérosexuels malades ! » « Coronavirus : Tout ça pour des vieux mâles malades ! », etc.

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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