J’ai assisté il y a quelques jours au meeting de Nicolas Sarkozy à Lille. Le sujet abordé etait le travail. L’idée forte, c’est qu’il ne faut pas partager le travail, il faut travailler davantage. Je suis pour. Et je ne suis pas le seul : la salle est bondée et la chaleur extrême, au propre comme au figuré. Il est 18 heures et l’ensemble de l’UMP attend avec impatience le discours de son chef. Mais auparavant, place aux amuse-gueule. D’abord le député-maire de Lambersart, Marc-Philippe Daubresse. Figure emblématique de l’alliance du centre et de la droite dans le Nord, sa disponibilité, sa proximité ont beaucoup fait pour une politique plus humaine donc plus efficace également
Cependant à l’UMP, il faut concilier avec des perspectives bien différentes. Marc Philippe Daubresse annonce l’arrivée de Rachida Dati au micro. Bottes rouges Louboutin à talons hauts, tailleur smoking noir, sans doute son idée de la sobriété. Mais passons…
Là où ça coince vraiment, c’est que Rachida n’a pas choisi le bon sujet de discours, ni la bonne région. Elle pourrait nous parler brièvement de son rôle au conseil de Paris, de ses activités au Parlement Européen, au lieu de ça, elle s’égare et choisit de discourir à sa façon sur le travail. Ce qui donne, sans rire « Sur ces terres du Nord-Pas-de-Calais, il y a le mineur de Lens, le tisserand de Roubaix et l’ouvrier de Boulogne […] comme moi ils savent ce que procure le travail en récompense de nos efforts. »
Entendre Rachida Dati se comparer aux ouvriers et prolétaires du Nord-Pas-de-Calais laisse la foule quasi muette. On a la colère rentrée par chez nous.
Au-delà de l’autosuffisance de Madame Dati, de son extrême prétention à s’élever en tant que modèle de réussite républicain, quelque chose cloche. Elle est le reflet de cinq années de présidence, qui danse une fois en direction du peuple, une autre fois en direction d’une nouvelle noblesse, celle de l’apparat et de l’image. Comment réveiller la France des oubliés après la prestation de Rachida Dati ?
J’ai beau savoir pour qui je voterai au premier et au second tour, je constate, au vu des images télé, que le même soir le discours de François Hollande au Mans, sur le même thème avait plus de tenue. Le public était plus attentif. Rien de rutilant, au contraire. Une atmosphère de travail et de construction. Les miens devraient en prendre de la graine.
Rachida Dati, quant à elle, pourra se plaindre d’avoir été incomprise, bafouée, martyrisée sur le socle du mérite républicain, plus personne ne pourra la croire.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !