Elisabeth Lévy revient sur l’arrivée surprise de Rachida Dati au ministère de la Culture – un choix que la plupart des commentateurs nous ont présenté comme follement « disruptif ».
J’ai toujours eu un faible pour Rachida Dati, son côté ambitieuse intrigante, sa façon de porter la haute-couture française; son combat de chipies avec Hidalgo m’amuse. Mais la passation de pouvoir donnait l’impression que Rachida Abdul-Malak cédait la place à Rima Dati, ou le contraire. Et pas seulement parce qu’elles se sont donné du « chère Rachida »/ « chère Rima ». Toutes deux jouaient du violon sur le thème je suis une femme issue de la diversité. Comme si ça leur conférait une once de plus-value !
Chère Rima, chère Delphine, chère Sibyle…
« Vous l’avez dit, madame la Ministre, chère Rima, nous avons cela en commun : la liberté de penser – notamment pour les femmes, une liberté de parler – notamment pour les femmes, une liberté de créer – notamment pour les femmes… Nous avons aussi en commun d’incarner la diversité culturelle qui fait la force de notre pays », a déclaré Rachida Dati, en arrivant rue de Valois, vendredi 12 janvier. Citons aussi les propos lunaires de Rima Abdul-Malak, tenus sous le regard énamouré des patronnes de l’audiovisuel public Delphine Ernotte et Sibyle Veil. Face à « la désinformation, à la simplification trop fréquente de la pensée» (suivez mon regard), elle a salué le service public de l’audiovisuel dont « les équipes travaillent avec rigueur, en toute indépendance ». La bonne blague ! Rima Abdul-Malak aura méconnu jusqu’au bout le sens de sa fonction : garantir le pluralisme des médias, et pas le piétiner avec sa croisade personnelle contre les chaînes Bolloré.
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Or, en public, Rachida Dati professe la même admiration pour le service public. Elle avait notamment déclaré que France Inter fait partie du parcours républicain des Français.
Vous allez me reprocher d’avoir un dossier un peu léger
Pas tant que ça. En réalité, cette passation des pouvoirs témoigne d’une soumission idéologique au gauchisme culturel. Rachida Dati n’y croit même pas, elle ne veut pas être tricarde sur France Inter. De même, quand elle arbore son statut de femme et de maghrébine, elle cède à l’air du temps multiculti au lieu de défendre l’universalisme.
Pour ses premiers pas à la Culture, elle aurait pu affirmer que la culture n’est pas la propriété de la gauche, rappeler que le ministre n’est pas là pour diffuser la propagande progressiste, ni pour distribuer des bons ou mauvais points aux médias, ni pour promouvoir une culture mondialisée, mais pour permettre aux Français d’accéder à leur héritage commun.
Après Rima Abdul-Malak dont les initiatives s’appelaient « La relève » ou « Nouveau monde » (tout un programme !), on attendait que Rachida Dati assume une vision conservatrice de la culture orientée vers la préservation de l’héritage. Ce n’est pas en disant ce que Le Monde et la presse de gauche veulent entendre qu’elle fera mentir ceux qui la voient simplement comme une traîtresse de droite.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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