Censés lutter contre la désinformation dans les médias et sur les réseaux sociaux, des dizaines de bureaux de « vérification de l’information » ou fact-checking ont vu le jour ces dernières années. Qui sont et qui financent la plupart de ceux qui se présentent comme les incorruptibles redresseurs des torts médiatiques? Quels sont les véritables buts de ces rigoureux détecteurs du Mensonge, de ces nobles détenteurs de la Vérité ? Didier Desrimais mène son enquête!
Quels sont les véritables buts des fact-checkeurs ? Sur le site de Boulevard Voltaire, Clémence de Longraye nous en donne une première petite idée dans un excellent article paru le 11 octobre. Résumé : deux jours après l’affaire de Tourcoing – une enseignante agressée par une élève refusant d’enlever son voile islamique dans l’enceinte du lycée Sévigné – certains rares médias, dont CNews et le JDD, révèlent qu’une dizaine de collègues de cette enseignante ont apporté tout leur soutien à… la lycéenne. Ni une ni deux, Libération met en branle CheckNews, officine interne chargée de produire une « information vérifiée, rigoureuse et impartiale », et fait paraître un article censé rétablir la vérité. Titre : « Tourcoing : des professeurs ont-ils soutenu l’élève qui a frappé une enseignante, comme l’affirme la Bollosphère ? » Réponse de Libé : Non. La preuve ? Malgré tous leurs efforts, les journalistes du quotidien ne sont parvenus à recueillir aucune information prouvant, même a minima, les allégations de CNews ou du JDD. Verdict de CheckNews : les infos des médias « de la sphère Bolloré » sont mensongères. Sauf que… l’information a été reprise par Valeurs actuelles et, plus tard, Le Figaro, journaux qui, jusqu’à preuve du contraire, ne font pas partie de « la sphère Bolloré », et les faits ont été immédiatement et à nouveau confirmés par le ministère de l’Intérieur. À la date du 17 octobre, Libération n’avait toujours pas retiré ni modifié l’information erronée publiée sept jours auparavant sur son… site de vérification de l’information.
Impartialité douteuse
Mais alors, s’interroge à juste titre Clémence de Longraye, se pourrait-il que le bureau de vérification de l’information de Libération ne soit pas aussi « rigoureux » ni aussi « impartial » qu’il prétend l’être ? Plusieurs éléments le laissent penser. CheckNews, explique la journaliste de Boulevard Voltaire, est membre de l’International Fact-Checking Network (IFCN), une branche de l’Institut Poynter, « organisme de recherche sur le journalisme » financé par l’Open Society de George Soros en 2017 et par des ONG de presse comme Omidyar Network. Je précise que les partenaires et les financiers de cette dernière sont essentiellement des entreprises de la Silicon Valley ainsi que des universités et des associations réputées pour leur progressisme. J’ajoute que CheckNews/Libé a participé en 2019 à un colloque réunissant des « vérificateurs de faits » décidés à « lutter contre la désinformation sur les élections européennes », colloque financé par l’IFCN et, une fois encore, par la fondation sorosienne.
