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Questions pour un Champion, une ode quotidienne à la culture générale 

Voir s'affronter les soixante-quatre meilleurs candidats de Questions pour un Champion est un plaisir de fin gourmet


Questions pour un Champion, une ode quotidienne à la culture générale 
Julien Lepers l'ancien animateur phare de Questions pour un Champion présente le décor de l'émission sur France 3 à Paris, France le 15/12/2005 © BENAROCH/SIPA

Heureusement qu’il nous reste Questions pour un Champion pour résister toujours et encore aux envahisseurs que sont la téléréalité, les réseaux sociaux et la bêtise généralisée…


Le plus grand drame de notre époque – si nous ne devions en retenir qu’un seul – pourrait être la perte de culture générale, soit l’ensemble des connaissances accumulées au cours de l’existence. Dans les cas les plus extrêmes, Chateaubriand fait désormais figure d’illustre inconnu, les îles Kerguelen sont redevenues une terra incognita et il se trouverait bien quelques personnes pour penser que le tableau de Mendeleïev est l’œuvre d’un peintre. Dès lors, voir s’affronter dans les Masters, jusqu’à la fin de l’année, les soixante-quatre meilleurs candidats de l’histoire de Questions pour un Champion est un plaisir de fin gourmet. 

On imagine les heures d’émerveillement devant les choses de la vie, de préparation digne de sportifs de haut niveau et de révisions qu’il leur a fallu pour accumuler des connaissances éparses et multidisciplinaires afin de pouvoir se souvenir, devant le bienveillant Samuel Étienne, que Tamino fut le personnage principal de La flûte enchantée de Mozart, Zénobie la reine légendaire de Palmyre ou encore Claude Viallat un peintre contemporain originaire de Nîmes. 

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Par-delà les moments de gloire personnels, acquérir une culture générale solide est le meilleur des investissements, tant la vie, la mort et leurs mystères sont forcément plus doux à appréhender lorsque l’on plante ses pas dans ceux des grands aventuriers, quand on hume le parfum de fleurs que l’on parvient à reconnaître par leur forme et leurs couleurs, ou encore lorsque nos peines de cœur deviennent dérisoires comparées à l’enchaînement mortifère du tragédien Racine dans Andromaque; plus que tous les coachings à la mode, nous n’aurions d’ailleurs qu’un seul conseil à prodiguer : se plonger dans l’Iliade et l’Odyssée.

La culture générale, si elle est indispensable à titre individuel, l’est également collectivement : elle est la sève venant alimenter l’éloquence et donc le dialogue civilisé. Elle est le ciment commun d’un groupe d’amis, d’un village et d’une nation; partant de là, elle est la porte d’entrée nous permettant de découvrir d’autres civilisations et d’arriver à en chérir au-delà de notre pré carré. 

Si tout s’est effondré, il faut en trouver les causes dans le nivellement généralisé par le bas, la profusion de contenus abêtissants sur les réseaux sociaux, la dévalorisation du « par cœur » ou encore l’accélération du temps qui empêche la cristallisation d’expériences communes dans des souvenirs partagés. Les hommes et les femmes ayant aujourd’hui la soixantaine ont vu les mêmes programmes à la télévision, ont lu les mêmes romans à l’école et ont étudié les mêmes théorèmes mathématiques ; désormais, un jeune de vingt-cinq ans n’a plus les mêmes références qu’un post-adolescent de quelques années son cadet. 

La culture générale semble même devenir un handicap : en quoi est-elle un atout lors d’un entretien d’embauche, dans un débat politique ou au moment de séduire ? Miss Picardie, première du tant redouté test de connaissances soumis aux prétendantes au titre de plus belle femme de France, n’a pas été retenue parmi les cinq dernières candidates à pouvoir briguer la couronne.

Il est pourtant plus que temps de renouer avec la culture générale. « Au moins, on en a, au plus on l’étale », entend-on déjà persifler ceux qui comparent ses vertus à celles de la confiture. En la matière, il n’y en a désormais plus guère au fond du pot pour l’étaler sur l’ensemble de la tartine. La famine guette et avec elle notre civilisation est menacée de faim et donc de fin.

Du lundi au vendredi à 17h45 et le samedi à 17h55. France 3.



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