Un nouveau livre de Jenny Uglow, traduit de l’anglais, retrace la carrière du plus célèbre illustrateur britannique vivant, complice de Roald Dahl et artiste majeur de la littérature jeunesse mondiale.
Nous avions Sempé, les Anglais ont Quentin Blake. Il fêtera ses quatre-vingt-dix ans en décembre. Chez nous, le dessin a mis un certain temps à exister par lui-même. Le texte prime sur l’image. Le Littré écrase les feutres de couleur. Ici, on ne badine pas avec les mots. L’auteur accepte d’être illustré par défaut, sur la pression de son éditeur, il a toujours peur que l’on vienne contester son magistère intellectuel, son antériorité. Il ne partage pas si facilement la gloire et ses droits. Lui devant, le créateur, l’ordonnateur de l’Histoire, l’architecte de la trame, et, pourquoi pas, derrière, au second plan, le décorateur qui ajoute une légère touche de fantaisie, quelques coloriages afin d’attirer des lecteurs supplémentaires et séduire les anachorètes du paysage.
Gare au dessinateur qui aurait des envies d’égalité ! Qu’il garde bien ses distances et se satisfasse déjà d’apposer son nom sur la couverture en caractères minuscules. L’illustrateur
