Au Québec, plusieurs évènements récents ont créé un tel climat de tension que certains acteurs politiques se sentent autorisés à prôner un grand nettoyage. L’actualité a effectivement contribué à faire sortir de l’ombre une gauche régressive qui se montre plus intolérante que jamais envers ses adversaires, mais dont le mandat est évidemment de prôner la tolérance sur toutes les tribunes.
Deux concepts servent maintenant à justifier la javellisation idéologique du Québec : le « racisme systémique » et la « culture du viol ». Si les deux notions n’entretiennent en apparence aucun rapport, elles n’en demeurent pas moins liées par un objectif commun : celui de purifier la société québécoise. Les représentants de la vertu tentent d’imposer de nouvelles mesures d’hygiène sociale à un peuple qu’il faudrait dompter comme un animal sauvage.
Le « racisme systémique »
La tuerie qui a fait six victimes dans une mosquée de Québec le 29 janvier dernier a permis à certains milieux d’intenter un procès médiatique à l’ensemble du peuple québécois pour racisme et xénophobie. Même le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a sauté sur l’occasion pour accuser le principal parti d’opposition (le Parti québécois) d’avoir engendré un climat de haine propice aux dérapages « ethno-nationalistes ». En Chambre, Couillard a accusé le Parti québécois d’être « l’auteur » de ces « évènements malheureux» en raison de son scepticisme par rapport au multiculturalisme, ce qui a immédiatement suscité l’indignation chez les souverainistes.
Pour témoigner de sa bonne foi en matière de diversité culturelle, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, avait pourtant proposé quelques jours après le drame que des inspecteurs soient chargés de surveiller les employeurs qui pourraient faire preuve de discrimination à l’embauche. Ce n’est pas dans un ancien État confédéré des États-Unis que cette initiative a vu le jour, mais bien au Québec. Le débat est si intense et la réalité si déformée que des observateurs étrangers pourraient penser que le Canada français pratique la ségrégation raciale.
À en croire certains idéologues qui occupent des chaires de recherche dans les universités, le Québec serait structurellement raciste. En fait, tout l’imaginaire québécois serait marqué par une tentation génocidaire, laquelle se serait d’abord manifestée contre les autochtones lors de la conquête de l’Amérique. Le racisme serait une pulsion tribale qui coulerait dans les veines de tout Québécois « de souche » attaché un tant soit peu à son héritage culturel.
La « culture du viol »
Des histoires de harcèlement sexuel impliquant des personnalités publiques et des cas de viols malheureux perpétrés sur un campus universitaire ont également convaincu certaines personnalités de parler d’un phénomène congénital affectant l’ensemble de la société. La députée du parti de gauche Québec solidaire, Manon Massée, considère que la lutte contre culture du viol doit être une priorité gouvernementale. Non seulement le Québec serait structurellement raciste, mais il serait structurellement violeur. Pour faire face à la situation, l’Université Laval, à Québec, a annoncé la semaine dernière que des brigades allaient être créées pour chaperonner les soirées étudiantes susceptibles de mener à des dérives sexuelles.
La gauche régressive n’attend d’ailleurs jamais que la justice fasse son travail avant de lyncher, dans un style moyenâgeux, toute personne soupçonnée de ce genre d’inconduite. L’histoire de la dénommée Alice Paquet en témoigne : en octobre 2016, à l’occasion d’un évènement à caractère féministe, la jeune fille s’est empressée de prendre la parole pour dénoncer l’agression sexuelle qu’un député était censé lui avoir fait subir. Elle a mis le feu aux poudres et de grandes marches de soutien à toutes les victimes de viol ont suivi sa dénonciation. Aucune accusation n’a pour le moment été retenue contre le député en question, mais les radicaux l’assurent : il est coupable !
Ce sont bien sûr les mêmes féministes qui nous invitent à changer notre rapport à la sexualité et nous interdisent d’émettre la moindre réserve au sujet des coutumes machistes et rétrogrades que certaines personnes issues des communautés culturelles entretiennent au nom de leur religion. Jusqu’à aujourd’hui, aucune grande manifestation n’a été organisée pour protester contre les mariages forcés qui se multiplient dans les grandes villes.
La gauche régressive peut bien prétendre combattre tous les préjugés du monde, elle devra réaliser que son propre projet s’inscrit dans une démarche de purification de la société aux velléités totalitaires. Son but : la création de ce qu’elle appelle des « safe spaces », c’est-à-dire des espaces totalement hermétiques où toute liberté d’expression (et même d’action) est soigneusement encadrée par des gardiens de la morale.
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