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Que viva Morales !


Que viva Morales !
Pancho Villa, un hors-la-loi devenu général de la révolution mexicaine.
Pancho Villa, un hors-la-loi devenu général de la révolution mexicaine.
Pancho Villa, un hors-la-loi devenu général de la révolution mexicaine.

Dans les bonheurs du week-end, la réélection d’Evo Morales, président de la Bolivie, et le succès de son parti, Mouvement vers le socialisme (Mas), nous ont presque autant comblé que l’héroïque victoire du LOSC sur L’OL par 4 à 3, dans l’un de ces matchs que la première ligue offre de plus en plus rarement et qui nous rappelle opportunément pourquoi on aime le foot. De la même manière qu’on aime ce qui se passe en Amérique Latine, où se construit un peu plus chaque jour une alternative pacifique au néo-libéralisme, une révolution par les urnes qui est une gifle pour la vieille doctrine Monroe toujours en vigueur sous Obama, les grandes compagnies pilleuses de ressources naturelles privatisées et les éditoriaux érudits mais délirants d’Alexandre Adler.

Chavez au Venezuela, Correa en Equateur, Ortega au Nicaragua, c’est un véritable printemps des peuples. Et tant pis si je passe pour un lou ravi de la cucaracha, j’ai sans doute trop regardé dans mon enfance l’excellent Pancho Villa de Buzz Kulik avec Yul Brynner dans le rôle du chef révolutionnaire et Robert Mitchum en trafiquant d’armes cynique séduit peu à peu la personnalité de Villa. Les scènes où Robert Mitchum à bord de son biplan bombarde les trains gouvernementaux bourrés des soldats Colorados avec des cocktails Molotov ont beaucoup fait pour ancrer en moi des images d’Epinal qui me font imaginer le « grand soir » comme une fiesta avec trompettes, castagnettes, feux d’artifice et étreintes avec des filles brunes aux cheveux noirs sous le regard bienveillant des mitrailleuses Hothckiss encore brûlantes. Je sais, à mon âge, c’est d’un lyrisme pitoyable mais enfin je suis quand même le citoyen d’un pays où ce sont les préfectures qui organisent des débats philosophiques en période pré-électorale. Alors, j’ai des excuses : il n’y a que les rêveries, pour l’instant, qui aident à supporter un quotidien avec Eric Besson.

Pour en revenir à Evo Morales, il a été réélu par 63 % des voix. Au premier tour. Et son parti a emporté les deux tiers des sièges sur l’ensemble des deux chambres. Si la moindre fraude avait entaché son élection, si le moindre début de soupçon de bourrage d’urne à Cochabamba ou Puerto Aguirre s’était fait jour, c’est pour le coup que cette élection reléguée loin en pages intérieures de nos journaux aurait fait la « une ».

Mais non, apparemment, les élections boliviennes ont été plus régulières que les élections en Roumanie qui appartient, si je ne m’abuse, à ce grand espace de droit et de liberté qu’on appelle l’Union européenne. Quant à l’opposition à Morales, le seul argument qui lui reste, c’est la crainte d’une concentration excessive des pouvoirs dans les mains d’un seul homme et une dérive autoritaire du pouvoir.

On peut les comprendre mais il y a un moyen simple de les rassurer : inviter en France Manfred Reyes Villa, le challenger malheureux et ancien gouverneur de province. Il verra que l’on vit très bien dans un pays hyper-présidentiel, que la démocratie se porte à merveille et qu’il ne viendrait à personne l’idée de dire que le pouvoir est aux mains d’un clan qui fait une politique au profit d’une classe contre une autre. Et qu’ils n’ont pas plus à craindre de la politique de bouclier social que va continuer Evo Morales que de celle du bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy.

Dans une projection désirante comme on dit en psychanalyse, les médias occidentaux dans leur immense majorité nous avaient pourtant expliqué que la Bolivie était en plein marasme, que les régions riches et leurs gouverneurs étaient sur le point de faire sécession, que la guerre civile était une question d’heures[1. Ce qui d’après les dernières informations pourrait bien être le cas du Honduras où les élections qui ont suivi le putsch contre Zelaya (chaviste) toujours réfugié à l’ambassade du Brésil dans son propre pays ne sont aucunement reconnues ni par la communauté internationale (à l’exception des USA) ni par la population hondurienne.]. Que s’est-il donc passé ? Oh, presque rien, juste une politique à faire blêmir Jean-Marc Sylvestre et ses compères de LCI : Morales a nationalisé le gaz et le lithium et il a redistribué les richesses subséquentes sous formes de subventions massives pour développer le système scolaire, pérenniser les retraites et assurer l’autosuffisance alimentaire. Ne le répétez pas, nous ne voudrions pas provoquer un malaise chez Manuel Valls ou Vincent Peillon mais il se murmure que Morales serait… de gauche.
Sinon, le lithium bolivien est normalement utilisé pour les batteries des futurs moteurs électriques. Je ne sais pas si c’est le même qui entre dans le traitement des dépressions nerveuses, mais j’ai comme l’impression que du côté de Wall Street ou des places boursières européennes, il va y avoir une hausse des cours.



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