Qu’est-ce que la langue française leur a fait?


Tous aux abris ! Il se murmure qu’une suite au nanar black-blanc-beur de l’année serait dans les tuyaux. Brigitte Maccioni, productrice de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, dont je vous avais dit tout le bien que j’en pensais, a vendu la mèche à la radio. Ulcéré par sa bande-annonce aussi racoleuse qu’une dame du monde, j’avais rapidement cerné le propos ultradérangeant du film aux dix millions d’entrées : le paradis, c’est les Autres ! Comme l’avait résumé Gil dans notre numéro de juin, à en croire le synopsis un rien bêta de cette comédie, la France moisie et ses pondeuses cathos finiront sauvées par l’apport étranger, qui vient bousculer ses bons vieux papys réacs – de mon côté, pour pratiquer le métissage, à la différence de la plupart de ses thuriféraires, je sais qu’il n’est ni ange ni bête…

Alors, suite ou pas suite ? « Le tout sera d’avoir une très, très bonne histoire pour ne pas être déceptif » (sic) a annoncé la directrice du pôle production d’UGC. Déceptif, quésaco ? Dans le doute, j’ai sorti mon Larousse puis, en désespoir de cause, j’ai fini par me replier sur le dictionnaire d’Oxford. Il semblerait que la productrice de ce petit chef d’œuvre manie une langue aussi inventive que les lauréats du bac 2014 avec « mansion » (sic). Après enquête, il s’avère que Déceptif signifierait décevant en franglais de cuisine. Même un cancre de la langue de Patrick Hernandez sait bien que décevant se dit disappointing, deceptive qualifiant plutôt quelque chose de trompeur. Bref, cette chère Brigitte Maccioni a commis un double barbarisme, prenant un mot d’anglais pour un autre, preuve qu’elle piétine les deux idiomes avec équanimité.

Ceci dit, ne comptez pas sur moi pour jouer les scrogneugneux de la  grammaire : bien que la place du regretté maître Capelo reste à prendre, je ne changerais pour rien au monde les parkings en parcs de stationnement et mes week-ends en fins de semaine. D’ailleurs, je vous laisse, j’ai swimming-pool.



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est journaliste.

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