L’été est la saison des voyages, réels ou imaginaires.
On vous propose une petite anthologie estivale grâce à des poètes d’hier et d’aujourd’hui, connus ou moins connus mais qui incitent tous à la rêverie. Pour cette dernière semaine, retour au port, Paris en l’occurrence, dont chacun sait qu’il est un voyage, en même temps qu’une fête.
Paris dresse sa tour
ainsi qu’une girafe inquiète,
sa tour
qui, le soir venu,
craint les fantômes
et promène dans tous les coins les jets de ses projecteurs,
transformant le ciel parisien en une épure adroitement lavée.
Et l’Arc de Triomphe n’est plus qu’un petit banc
où Tamerlan en vareuse kaki
rêve de reboucler ses leggins.
Et l’étudiante attentive hésite
entre le Bouic et la Sorbonne,
non pour le plaisir de se faire remarquer,
mais afin de passer inaperçue,
le temps de terminer son livre.
Oh Paris !
Ici la Reine Dactylo
se mêle comme l’eau tiède au vin généreux des hommes.
Les petites filles d’autrefois
qui rêvaient du prince d’Annam
en traversant les bois peuplés de satyres médiocres,
ne voient plus,
sur la route tendre de leur avenir en fleurs,
que le bonheur industriel
qu’elles pourront créer de leur dix doigts
sur l’Underwood
qui arrêtera, encore une fois, le sens de nos artères
et le tic-tac familier de la montre ou du cœur.
Pierre Mac Orlan, Poésies documentaires.
Pierre Mac Orlan (1882-1970), c’est d’abord l’auteur d’une œuvre prolifique, voire innombrable. Parolier célèbre, romancier maritime, érotomane, il a œuvré dans tous les genres, passionné par son époque qu’il n’a eu de cesse de chanter
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