La cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde organisée sur notre sol ne visait pas à l’universalité, mais à montrer la particularité d’un sport et la façon dont il s’inscrit dans notre identité nationale. De nombreux journalistes et personnalités progressistes ont estimé que tout cela sentait très mauvais.
Il est peu dire que la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de rugby a fait couler beaucoup d’encre ! Jamais avare en commentaires de femme au bord de la crise de nerfs, Sandrine Rousseau a fait part de sa « honte », avant que Libé ne lui emboîte le pas en dénonçant une « France rance ». Samuel Gontier, qui se définit lui-même comme un journaliste de canapé pour Télérama, de nouveau victime d’une « glissade intersectionnelle », s’est de son côté demandé si Eric Zemmour avait été à l’origine de la conception des festivités.
Ma France, mon pinard, mon cochon
Mieux encore, plus fort, plus hystérique, cet article de l’inénarrable William Perreira dans les colonnes de 20 Minutes : « Ma France, mon pinard, mon cochon. Plus fâcheux encore, la cérémonie qui, paraît-il, célébrait l’art de vivre à la française, n’est pas vraiment inclusive. Ici un manque de représentativité, là-bas des symboles désuets, comme le magnifique jambon de pays apparu à plusieurs reprises à l’écran, limite ostentatoire. On frôle parfois la version chorégraphiée du meme rétrograde « Ma France, mon pinard, mon cochon » ».
Fallait-il, pour complaire à des gens qui se moquent habituellement du rugby comme de leur dernière chemise, confier l’organisation de la cérémonie à l’équipe de Drag Race France plutôt qu’à Jean Dujardin ? Ou, comme je l’ai directement répondu à Sandrine Rousseau sur Twitter, ajouter quelques figurants pour rejouer les émeutes de Sainte-Soline, un ou deux transsexuels, un rodéo de minis motos en hommage aux « victimes de la police », deux trois rappeurs pour faire bonne mesure, et un haka en non mixité choisie menée par Mathilde Panot et Raquel Garrido vêtues en Vahinés post-modernes ?
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J’ai même fini par me demander si les habitants du sud-ouest de la France n’étaient pas pris pour des ploucs à cacher dans l’arrière-boutique de la maison France, avec leur rugby et leurs férias d’un autre âge. Serions-nous de trop dans ce paysage « inclusif » et bienveillant qu’entendent nous dessiner madame Rousseau et ses amis ? Qui s’est jamais véritablement intéressé à une ouverture de Coupe du Monde de Rugby ? Il est absolument grotesque de comparer cela, ne serait-ce que sur le plan des moyens financiers et de l’exposition médiatique, à la cérémonie d’entrée des Jeux Olympiques de Londres en 2012, comme s’y sont risqués certains internautes…
Présent pas fédérateur
Le vrai enjeu d’une telle compétition est le jeu. Oui, le rugby est un sport de niche qui est aimé de tous les Français mais très ancré historiquement dans les campagnes et le terroir du quart sud-ouest de la France. Au niveau international, il est surtout pratiqué dans les pays du Commonwealth. En quoi cela dérange qui que ce soit ?
Les réactions de toutes ces pleureuses étaient si attendues et caricaturales qu’elles nous auraient presque donné envie de voir un duo entre Michel Sardou et Patrick Sébastien entonner « Pourvu que ça dure » devant un stade en ébullition : juste pour les faire causer un peu plus, qu’ils aient de bonnes raisons de pester et de mépriser les Français qui ont le malheur de ne pas être encore totalement éveillés à leurs désirs de déconstruction de notre culture. Si cette France « sépia » qui sent la « naphtaline » séduit encore autant, c’est bien parce que notre présent n’est pas fédérateur.
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La cérémonie n’était certes pas parfaite, l’homme coq sûrement ridicule et la Marseillaise en canon proprement massacrée, mais au moins mettait-elle en avant une image qui bien qu’idéalisée n’en restait pas moins fidèle à certains grands permanents de la culture rugbystique française. Elle ne visait pas à l’universalité mais à montrer la particularité d’un sport et la façon dont il s’inscrit dans notre identité nationale. Oui, il est dommage que l’identité de la France se réduise au folklore festif, mais c’est bien parce qu’il s’agit du dernier domaine de fierté autorisé…
Les critiques sont d’ailleurs les premiers à s’afficher sur Instagram avec une planche de charcuterie et un ballon de rouge en terrasses au Pays Basque… Ils sont tout simplement bien souvent hypocrites. Leur est étranger voire odieux « tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binouis, bref, franchouillard ou cocardier » comme le disait déjà Bernard-Henri Lévy il y a quelques décennies. Et ils ne sont pas au bout de leur peine puisque cette équipe composée de deux tiers de joueurs nés en Aquitano-Occitanie, souvent dans de petites villes, pourrait bien gagner ce championnat et entraîner une vague de rugby mania… Les garçons préfèrent généralement le ballon ovale aux tutus. Vous ne faites pas les règles Sandrine.
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