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Quand Harry rencontre Meghan

Le Prince Harry publie "Le Suppléant" (Fayard)


Quand Harry rencontre Meghan
Londres, 19 septembre 2022 © Martin Meissner/AP/SIPA

Depuis que le Prince Harry a croisé la route de l’actrice américaine Meghan Markle, son attitude et ses déclarations choquent les Britanniques. Le frère de William fait n’importe quoi… et beaucoup d’argent. Ces jours-ci, la presse mondiale relaie avec complaisance les derniers ragots qu’il nous livre dans une autobiographie à scandale.


Le Prince Harry sort son autobiographie Le Suppléant ce 10 janvier. Des fuites révèlent déjà un contenu qui secoue toute l’Angleterre… Le point de vue du Président de la très british Royal Society of St. George de Paris.

Maxime Le Forestier chantait dans « Être né quelque part » que l’endroit de la naissance est toujours un hasard et que l’on ne choisit pas ses parents ni sa famille… Mais en est-on toujours conscient ?

Le Prince Harry, né troisième dans l’ordre de succession du trône britannique,  vient de publier son autobiographie Spare, ou Le Suppléant en français, dans laquelle il déballe beaucoup de détails de sa vie intime et beaucoup de révélations, selon lui, sur le (dys)fonctionnement de sa famille ; la famille royale du Royaume Uni et du Commonwealth. Comme s’il avait oublié d’où il venait…

Pièce de rechange

Le titre Spare vient d’une blague – et qui rime – des journaux britanniques qui avaient baptisé les deux frères, autrefois très complices, « the heir and the spare », c’est-à-dire l’héritier du trône et son remplaçant. Mais ce mot, dont Harry a fait le titre de son livre, est profondément péjoratif : « spare » veut dire « pièce de rechange » ou encore « ce qui est en trop, superflu, inutile ». Par ce choix, la prince affiche et assume son état d’homme blessé.


Cet homme blessé est de toute évidence en pleine phase de catharsis et, loin de la devise victorienne de sa grand-mère la reine, « never complain never explain », il ressent le besoin de tout dire, jusqu’à l’overdose, jusqu’à la nausée ; car il arrive un moment où on a envie de lui dire : « Stop, ça suffit ! » Sa purge, son besoin obsessionnel de s’exprimer, de donner sa version des évènements, commence à coûter cher à la nation. Ce trop plein est atteint aujourd’hui.

Le public britannique aura subi son interview chez Oprah Winfrey (en 2021), son documentaire Netflix et maintenant une interview dans les médias britanniques qui prépare la sortie de son livre tant attendu mi-janvier. Nous savons maintenant que, en tant que soldat servant dans l’armée britannique, il a tué 25 Talibans, qu’il s’est battu dans une cuisine avec son frère et futur roi William et qu’il a perdu sa virginité dans un champ avec une femme plus âgée. Des détails qui sont souvent affligeants et indignes d’un homme de sa position et de ses origines. Cherchons d’abord à comprendre…

D’abord, il y a son passé compliqué : deuxième fils de Charles et Diana, ce fut l’enfant d’un mariage sans amour et dont les détails scandaleux se trouvaient déjà étalés dans les tabloïds. A l’âge de douze ans, et devant des millions de téléspectateurs du monde entier, il s’est vu obligé de défiler derrière le cercueil de sa propre mère, la Princesse Diana, femme traquée sans relâche par les médias durant toute son existence. Ensuite, il a souffert du rejet de deux femmes dont il était amoureux, Chelsy Davy, puis Cressida Bonas, qui ne se voyaient pas assumer le fardeau et les contraintes surhumaines d’une existence de princesse royale au sein de « La Firme », comme la Reine Elizabeth surnommait sa propre famille.

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Pourtant Harry a réussi une brillante carrière à l’armée avec ses deux tours en Afghanistan, et il a fondé les « Invictus Games » pour les soldats blessés, sur le modèle des jeux paralympiques. Il connait le bonheur absolu quand il tombe fou amoureux d’une actrice américaine divorcée, Meghan Markle, qui accepte sa proposition de mariage sans réfléchir aux conséquences.

Suite à des accusations de harcèlement, puis à une brouille avec sa belle-sœur Kate, Meghan voit sa popularité baisser auprès du public, malgré un accueil chaleureux de la part de la reine et un début très réussi en matière d’activités officielles. Harry prétend y voir la répétition de ce qui était arrivé à sa mère et annonce publiquement qu’il doit maintenant protéger sa propre famille. Un paradoxe quand on pense à sa façon de courtiser ces mêmes médias… C’est à ce moment-là qu’il choisit de renoncer à son rôle de représentant de la couronne britannique et part pour les Etats-Unis.

Meghan Markle, une militante proche du wokisme

Est-ce que Meghan, sa femme et la mère de ses deux enfants, serait à la manœuvre derrière cette rupture ? Incarne-t-elle un personnage shakespearien à la Lady Macbeth ? Une femme qui, par ambition personnelle, pousse son mari, aveuglé par son amour pour elle, à commettre l’irréparable ? Meghan est une militante connue qui défend la cause des femmes, se bat pour la reconnaissance de l’importance de la santé mentale, combat le racisme. Dans ses prises de positions, elle se montre proche du wokisme. Exerce-t-elle une influence néfaste sur son mari au point que ce dernier perde sa faculté de discernement ?

Harry était autrefois si populaire… mais aujourd’hui les choses ont bien changé et l’opinion publique britannique n’est plus du tout de son côté. Alors, que doit faire la monarchie ? Charles se doit de mettre fin à ce déballage du plus mauvais goût bien avant son couronnement le 6 mai prochain. Le succès de son règne en dépend.

Deux stratégies s’offrent à la Couronne. La première, une solution à tout conflit humain, serait le pardon. Harry dit dans l’interview du 8 janvier diffusée sur la chaîne anglaise ITV qu’il veut juste retrouver son père et son frère. Il demande une réconciliation… tout en continuant de tirer sur sa propre famille et son pays d’origine. Cela rappelle l’approche de Vladimir Poutine : déclarer un cessez-le-feu tout en continuant à bombarder l’Ukraine ! Il est certain que Charles, son père, préférerait cette solution mais le pardon ne pourra se faire qu’au cours d’une accalmie.

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L’autre stratégie que peut envisager la famille royale consiste en ce que les militaires appellent le « containment » ou endiguement. Cela impliquerait la perte de tous les titres et privilèges qui restent au couple Harry et Meghan et l’imposition d’un éloignement définitif, facilitée déjà par leur choix en 2020 de s’exiler en Californie. Ce n’est pas sans rappeler la stratégie utilisée pour faire taire Edouard VIII, suite à son abdication, et sa femme Wallace Simpson, la scandaleuse, avant la Seconde guerre mondiale : les envoyer en exil au fin fond du Bois de Boulogne en France et ne plus jamais leur donner la parole. Cependant, à l’époque de Twitter, on peut difficilement empêcher Harry et Meghan de prendre la parole et un exil ne serait que géographique et non pas médiatique. Faudrait-il alors contractualiser, à l’américaine, un certain silence ?

Les souvenirs des uns et des autres peuvent varier 

Ou bien, allons-nous voir l’utilisation du mépris, de la prise de hauteur à la Elizabeth II ? Face aux premières accusations de Meghan de racisme quasi institutionnalisé au sein de la famille royale, la reine aurait dit « recollections may differ » ou « les souvenirs des uns et des autres peuvent varier ». Elle nous manque déjà ! A Charles de prendre vite le relais !

On peut déplorer la pipolisation de la vie publique, où les frasques et les révélations scabreuses comptent plus que les actes de service et les réalisations accomplis par le sens du devoir, le devoir dont la reine Elizabeth II fut l’exemple parfait pendant les 70 ans de son règne.

Dans cette nouvelle crise royale, ne perdons pas de vue qu’il s’agit d’une bataille menée par un individu contre une institution vieille de mille ans. L’institution va finir par l’emporter et Harry et Meghan auraient tout intérêt à chercher la paix au plus vite pour ne pas se fâcher à jamais avec leur propre famille et avec le peuple britannique. Après tout, leur popularité retrouvée leur ferait plus de business que leurs contrats avec Netflix, Spotify, Disney et les médias du monde entier, garantissant définitivement leur indépendance financière.

Le Suppléant

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Président de la Royal Society of St. George de Paris

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