Les sionistes jouent au foot. Ce n’est certes pas dans cette discipline qu’ils sont les meilleurs, mais ils tapent quand même comme des sourds dans un ballon. Pas toujours si maladroits que ça. Et parfois efficaces quand le ballon est représenté par la tête du cheikh Tamin Ben Hamad, émir du Qatar…
Dans le scandale qui éclabousse la FIFA, le petit émirat reçoit sa part de boue. Des éclaboussures qui sont à la hauteur des milliards dont il dispose pour ouvrir tous les sésames. L’attribution de la Coupe du Monde pour 2022 au Qatar est au cœur de la polémique. Les mains émiraties, poisseuses de pétrodollars, ne seraient pas étrangères à ce choix totalement ubuesque quand on sait la chaleur qui règne là bas et quand on connait la prestigieuse tradition footballistique du Qatar.
Le Qatar proteste contre ces accusations. Il se dit victime de « racisme » car selon ses communiqués officiels on ne veut pas que le Mondial soit organisé « par un pays arabe et musulman ». Allons donc… Mais comment peut-on être un raciste anti-qatari ? Le Qatar est notre ami, gauche et droite française confondues. Ah ! Vous n’en voulez pas comme ami ? Et bien allez vous faire f…! Vous en connaissez beaucoup vous des amis qui vous achètent 25 Rafale d’un coup ? Qui déversent des millions sur le PSG ? Qui ont aidé de leur manne secourable Zidane quand il était dans la dèche ? Qui ont même voulu acheter (c’était pas cher il est vrai) le 9.3 qu’on leur a refusé bien à tort ?
Le Qatar, répétons le, peut tout s’offrir. Par exemple, les services de deux avocats français parmi les plus connus et les plus chers : Me Mignard et Me Szpiner. C’est à eux que reviendra la noble tâche de traîner Florian Philippot devant les tribunaux français. L’accusation est grave : outrage à Qatar. Le numéro deux du Front national s’est en effet aventuré à dire que l’émirat finançait aussi le terrorisme. Nous avons notre opinion sur la question. Mais nous ne la donnerons pas ici. Les finances de Causeur ne lui permettant pas de faire appel à des ténors du barreau égalant Me Mignard et Me Szpiner. Il n’empêche que l’affiche du procès Qatar contre Philippot va allécher les foules. Le p’ti gars bien de chez nous contre un émir en or massif, David contre Goliath, les mains propres contre les mains salies par le pétrole… Quelle promo pour Philippot !
Le Qatar n’a pas d’amis. Il n’a que des obligés et des débiteurs. Ils sont nombreux, particulièrement en France. Le voyage à Doha, capitale de l’émirat, fait partie d’une étape indispensable dans la carrière des hommes et des femmes d’élite qui prétendent gouverner (où gouvernent déjà) notre pays. Et ce pèlerinage est autrement plus rentable que celui de la Mecque. C’est pourquoi la cause qatarie suscite tant de dévouements et de vocations. Parmi les obligés, il y a une qui s’est fait remarquer ces derniers jours : la Maire de Paris. Interrogée sur le cas Philippot, Anne Hidalgo a estimé que le « Qatar était dans son droit ». Comme c’était un peu sec, elle a – les qataris sont exigeants – rajouté une couche épaisse de miel, dégoulinant comme un loukoum au soleil. « Le Qatar est un pays ami. » Plus fort, elle a félicité les propriétaires du PSG pour leur combat contre « l’homophobie, le racisme et en faveur du foot féminin ». Nous avons eu à ce moment une pensée joyeuse pour les centaines d’ouvriers-esclaves bengalis qui sont morts sur les chantiers du Mondial, pour les femmes qataries dont on voit mal comment elles pourraient jouer au foot en burqa et pour les homosexuels locaux qui risquent trois ans de prison.
Autre fan du Qatar, un certain Jack Warner, peu connu naguère, très connu maintenant depuis le scandale de la FIFA. Il a été son numéro deux. Il ne l’est plus depuis quelques années, car même pour cet organisme pourri jusqu’à la moelle, le personnage faisait tâche. Sa voix, aidée par quelques millions de dollars, a joué dans l’attribution de la Coupe du Monde. Jack Warner représentait un petit Etat (Trinidad et Tobago) comparable au Qatar par sa taille et par ses exploits dans le domaine du football. Mais pas un rond, contrairement à l’émirat.
Revenons aux « sionistes » : c’est mon point Godwin à moi et je l’ai en commun avec M. Warner. La justice américaine le recherche pour le mettre au trou. Bien. Mais qui est derrière la justice américaine ? Quand il fut évincé de son poste, sa corruption dépassant les normes homologuées par la FIFA – Jack Warner pointa du doigt la pieuvre qui était à la manœuvre : « je suis victime des sionistes ». Vous comprenez le raisonnement ? Le Qatar comme il le proclame lui-même fièrement est un Etat « arabe et musulman ». Et les sionistes n’aiment pas les Arabes et les musulmans. CQFD
*Photo : wikicommons.
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