Ce n’est pas tout d’être l’un des 343 « salauds » qui a signé le manifeste « Touche pas à ma pute » publié par Causeur. Encore faut-il passer de la théorie à la pratique. Ce que je me suis empressé de faire. J’ai choisi le domaine que je connais le mieux : l’Asie. Et je me suis mis en quête, par le biais d’Internet, d’escort-girls japonaises ou coréennes. L’offre est quasiment illimitée, mais le plus souvent trompeuse (je l’ai appris à mes dépens).[access capability= »lire_inedits »]
Le marché est dominé par les Chinoises. Et, comme dans la restauration, si vous voulez trouver un vrai restaurant japonais, il vous faudra une persévérance à toute épreuve. Mais, après tout, pourquoi pas une pauvre Chinoise, surtout si les photos sont alléchantes ?
Je me suis donc retrouvé à trois reprises dans des studios des 6e et 14e arrondissements avec des partenaires dont les prix oscillaient entre 150 et 300 euros.
Les jeunes femmes, la trentaine environ, ne correspondaient en rien à l’image qu’elles voulaient donner d’elles-mêmes sur les sites pornos. Je m’y attendais, la naïveté n’étant pas mon principal défaut. En revanche, je ne m’attendais pas à des rencontres aussi pauvres dans l’échange et aussi techniques. À chaque reprise, j’ai eu l’impression d’être traité comme un porc dans une porcherie industrielle. Certes, j’ai bandé (je salue leur technique), mais dans une ambiance totalement déshumanisée. Pour l’affection, on repassera. Pour la douceur aussi. Aucune ne m’a autorisé à la filmer… même en doublant ou triplant les prix.
Sont-elles vraiment indépendantes, comme elles le prétendent? J’en doute fort, car leur connaissance du français ou de l’anglais est quasi nulle.
Celles qui se font passer pour des Japonaises ne savent qu’ânonner quelques mots en japonais. Si elles sont « protégées », je plains leur protecteur, car elles ont des caractères en acier trempé. Ce ne sont en aucun cas des « paumées » dont il serait aisé d’abuser. Si j’en juge d’après le nombre d’appels qu’elles reçoivent en une heure, leurs affaires sont prospères. Meilleures que celles d’un dentiste parisien.
Je n’ai jamais eu le sentiment d’être un « salaud », mais plutôt – tout au moins à leurs yeux – un gogo dont elles se chargeraient vite fait bien fait de vider tout à la fois le portefeuille et la divine semence. Évidemment, si j’avais de surcroît dû payer une amende de 1 500 euros, j’aurais trouvé l’addition salée. Pour une somme raisonnable, j’ai l’impression d’avoir enrichi mes connaissances anthropologiques. Et d’avoir pu vérifier une fois de plus que, si les hommes se paient le corps des femmes, les femmes, elles, se paient la tête des hommes.[/access]
*Photo : GELEBART/20 MINUTES/SIPA. 00646670_000012.
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