En pleine guerre des tranchées de la théorie du genre, alors que la pasionaria des causes féminines a investi l’Education nationale, les fournitures offertes par Puteaux à ses petits écoliers semblent une grenade envoyée contre la forteresse de l’ABCD.
La mairie de la ville avait coutume d’offrir un cartable aux écoliers. Mais cette année, la distribution n’a pas été appréciée par tous. Car, selon les gardes-culottes médiatiques, les autorités de Puteaux ont fait preuve de sexisme volontaire. Il faut avouer que la faute est grave, comme le souligne le propos outré du blog Ladies and Gentlemen, hébergé par France tv : « La distribution de cartables à Puteaux, c’est rose pour les filles et bleu pour les garçons».
Pour ajouter un outrage au scandale, un petit livret girly initiant à la création de bijoux a été glissé dans les poches du sac rose tandis qu’un manuel de fabrication de robot a été joint à la sacoche bleue. L’auteur-e du post, qui défend « l’égalité des sexes au cœur de l’actualité », ne pardonne pas ce pas de travers des autorités locales. « Il y a quelques années, avant que la question des stéréotypes sexistes à l’école ne soit publiquement exprimée et savamment débattue, ça aurait pu être attribué à un défaut de conscience et du maturité de la réflexion sur le sujet des inégalités filles/garçons. En 2014, ça ressemble à une provocation ».
Et c’est reparti pour un tour. Les chiens de garde féministes s’animent et entameront bientôt leur manège habituel, de plateau télé en plateau télé.
Nous ne trancherons certainement pas ici la question passionnante de la fabrication d’identités et des rôles sexués, ni celle du poids relatif dans ce processus de la biologie et de la culture. Mais tendons seulement l’oreille à cette voix qui tente de se faire entendre, celle d’un habitant concerné qui se dit parent d’enfants au cadeau genré. Une internaute a réagi à l’article cité ci-dessus, sous le nom de Romaine : « De la provocation ?? J’habite Puteaux, et non, ce n’est pas de la provocation, c’est juste conforme aux habitudes. Ce n’est parce qu’une poignée d’hurluberlus gueulent à propos des « genres » sur internet que les gens normaux vont changer leur manière de vivre et peindre toutes les chambres d’enfant en gris, histoire de ne pas les différencier. La provocatrice c’est vous en l’occurrence. Après, si une petite fille décide de construire un robot, et qu’un petit garçon s’amuse à enfiler des perles sur un collier, je ne m’en offusquerai pas le moins du monde, mais arrêtez de vouloir imposer des normes à des gens qui ne vous ont rien demandé. »
Le mot de cette mère de famille dessine une vérité que l’on a tendance à oublier dans le brouhaha médiatique : le décalage entre les porte-parole d’une politique égalitaire et les premiers intéressés par sa mise en pratique. Par ce billet spontané, cette femme susurre une idée saugrenue : et si les défenseurs des grandes causes commençaient par écouter ceux au nom de qui ils parlent ? Mais ne nous berçons pas d’illusions, cette prière restera très certainement un vœu pieux pour une ministre concentrée sur sa tâche première : dénoncer les réactionnaires !
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