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Sur Public Sénat, c’est PMA pour tous et tous pour la PMA


Sur Public Sénat, c’est PMA pour tous et tous pour la PMA
L'émission Public Sénat du 12 septembre 2017

Coup d’envoi la semaine dernière par Marlène (Schiappa) du projet de loi qui sera porté, selon elle, en 2018, sur les fonts baptismaux, de l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, au nom de l’égalité entre hommes et femmes. Marlène, on la connaît bien. Ce n’est pas la secrétaire glamour du commissaire Swan dans la série télévisée. La nôtre est avisée, moderne, fine mouche, si l’on peut dire. Elle donne ce coup d’envoi, le jour des manifestations contre la loi Travail et à la veille de l’ouverture de l’Université de La Manif pour tous. Jupiter est pressé. Même de loin, il montre qu’il est, par Marlène interposée, au four et au moulin. Il y a, en effet, urgence, à faire ces lois en même temps si on veut sauver l’Europe et imposer le leadership français du nouvel ordre libre que le président entend incarner. Pour la PMA, Jupiter tient le cap. Promesse (presque) tenue du candidat. En d’autres termes, il ne lâche pas le bout de gras.

L’émission On va plus loin de Public Sénat portant sur la PMA valait la peine. Les invités étaient Madame Anne Levade, professeur agrégée de droit public, et Monsieur Jean-Pierre Minard, juriste et avocat de renom, un ténor du barreau. Le décor était celui d’un laboratoire de manipulations : sinistre. Les deux invités parlaient donc de la future proposition de loi sur la PMA pour toutes. Dans l’ensemble, le discours était si contrôlé qu’on se demandait s’il était question de petits d’hommes à naître : les vôtres, les nôtres, bref de l’être humain. Il est vrai que nous avions sur le plateau une constitutionnaliste.

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Fut donc évoquée la souffrance de la femme en mal d’enfant qui a déjà beaucoup trop attendu, très peu celle de l’enfant privé de père. Il eût été pourtant intéressant de demander à Madame la constitutionnaliste si, dans la Constitution, n’était pas inscrite implicitement l’accès de l’enfant à sa filiation. Mais on ne peut jamais poser les vraies questions. Il a bien fallu préciser pourtant, à un moment, que cette loi allait concerner aussi les célibataires. Et que tout cela aurait un coût pour le contribuable. Les intervenants avaient un air contraint : peut-être le sujet était-il aussi gênant pour eux que pour le téléspectateur à qui on parlait d’une loi à venir sur le droit reproductif d’une femme célibataire ou mariée à une autre femme.

Madame la Constitutionnaliste articulait très bien et lentement mais le ténor du barreau avait une expression un peu embarrassée. L’atmosphère était tendue. Quant à la speakerine, c’était comme si elle parlait de la peine de mort. Mais soulagement ! quand elle demanda si le moment était bien choisi pour proposer cette loi. Le ténor du barreau s’engouffra dans la brèche et répondit immédiatement par l’affirmative. A un moment donné, dit-il, en politique il faut aller vite et partout. Plus il y a de chantiers, plus il y a de dynamisme politique. Plus il y a de fous, plus on rit, c’est bien connu. Les femmes n’en peuvent plus de leur besoin pressant d’enfant. Elles n’ont que trop attendu : Macron veut donc aller vite, là-dessus (une broutille) pour se concentrer sur l’Europe très mal en point, en particulier l’Italie et l’Espagne. Si on veut sauver l’Europe, il faut donc aller vite sur cette loi sociétale. Le porte parole du président, Monsieur Castaner, l’avait dit aussi : il faut aller vite, il y a des réformes qui ne doivent pas attendre. Ce n’est plus de la marche, c’est de la course à pied. Quand la tension eut baissé et que l’on remercia les intervenants, on se dit : Ouf ! C’est fini ! « A tout bientôt », comme disait délicieusement un romancier, pour le kit du bébé au supermarché.

« Infertilité sociale » et « droit reproductif »

On croit rêver mais on ne rêve pas. On aimerait plaisanter à la française. Trêve de plaisanterie. On est face à une idéologie qui veut faire des enfants sans père ni union avec le sexe opposé (bonjour, le plaisir !) moyennant le fric de l’Etat et la tambouille génétique. C’est le Meilleur des mondes. On se demande : mais qu’est-ce que les gens vivent donc pour qu’on en soit arrivé là ? Car enfin, par quelle aberration a-t-on pu inventer « l’infertilité sociale » et « le droit reproductif » ? Tocqueville a bien dit que la passion égalitaire détruit les sociétés. Il n’avait pas imaginé l’égalitarisme reproductif. Et que ce « droit »-là puisse être mis en débat démocratique ! Un ventre se loue, se prête et le sperme se vend à condition que ce soit un don et pas trop cher. Comment dites-vous ? « Si votre petit-fils est né comme ça ? » Vous plaisantez ! C’est vrai, j’oubliais : il y aura deux filiations. Des enfants et des sous-enfants. Comme il y eut des hommes et des sous-hommes.

Une question maintenant. De quoi ont-ils donc peur tous ces gens qui ont le pouvoir et la parole pour qu’ils ne la prennent pas afin de dénoncer cette déshumanisation-là ? Les puissants, les politiques, les savants, les humanistes de tout bord et de tout poil ? Non pas pour évoquer avec crainte et tremblement une peste brune, rouge, noire du temps passé qui nourrit nos discours et nos justes indignations ! Mais cette question-là, précisément, qui sera débattue à la Chambre : la prise en charge d’un orphelin d’Etat (au prix variable jusque là de 2000 à 30000 euros selon le pays d’origine), le tout encadré par une loi aux frais du contribuable. Que ces pratiques existent est une chose. Les légaliser en est une autre : un pas à ne pas franchir impérativement. On ne pourra dire plus tard, si les enfants font des procès à leurs parents, « qu’on ne savait pas ».

Puisque le ministre de l’Education nationale revient aux humanités, allons-y de notre conclusion amère : « Quousque tandem, Jupiter, abutere patientia nostra ? » Jusqu’où abuseras-tu, Jupiter, de notre patience ? Et puis, non, les bornes sont dépassées. Plutôt : « La roche tarpéienne est près du Capitole. » La semaine dernière encore, on voyait le président, toujours maîtrisant son image, monter d’un pas ferme la passerelle de l’avion qui le menait dans les Antilles sinistrées. Le typhon n’aura pas notre haine. Pour le reste, en effet, que ça saute ! Que ça sprinte plutôt ! Un des avantages de l’émission de Public Sénat, c’est qu’elle donnait, une fois l’écran éteint, l’envie de faire l’amour pour de vrai. Pour de bon. Sans PMA ni contrat préalables. En usant directo de son droit reproductif. De quoi redonner une vitalité procréative aux Français pour payer nos retraites au lieu de casquer pour des infertilités sociales. Car enfin, les désirs d’enfants de ces dames, on commence à en avoir franchement… assez ! Pas question de financer quoi que ce soit. Avouons-le : c’est effrayant, plus que lassant, ce Nouveau Monde Libre dont il faut hâter l’avènement.

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Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

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