Ça avait commencé comme une banale cacophonie, socialiste, puis enflé démesurément à la façon d’un couac gouvernemental majeur, il était donc écrit que la bulle germanophobo-socialiste allait exploser en plein vol telle la cote de confiance d’Harlem Désir à Matignon (J’aurais pu écrire « telle la cote de confiance dans l’opinion d’un syndicat de magistrats incorruptibles généralement classé à gauche » mais nous sommes en plein bouclage du magazine et on me gourmandera si je gaspille mon énergie à faire des digressions quand il y a le feu au lac) .
Revenons donc à notre bulle socialiste putativement explosive, t’as qu’à voir. Il s’agit bien sûr de celle excommuniant Angela Merkel, assez malhabilement dissimulée au fin fond d’un projet de texte dont personne d’humain n’aurait soupçonné l’existence, si n’était ce fameux scud inclus en bonus track, lequel, rappelons-le, pointe – sans casque – « l’intransigeance égoïste » de Dame Merkel, amabilité qui a valu à ses auteurs d’être publiés au JO du soir, sans même avoir à faire intervenir leurs honorables correspondants Boulevard Blanqui.
On connaît la suite, grosse colère de MM. Moscovici et Sapin à ma gauche et de MM. Barnier et Juppé à ma droite. Puis très grosse colère d’un distingué germanophone faisant fonction de premier ministre. Laquelle fut assortie de moult déclarations supposées rassurer Angela et de sauvages coups de ciseaux dans le projet de texte ; lequel se trouve désormais édulcoré, comme le dit l’AFP, ce qui prouve que quand ils ne parlent pas de la Manif pour Tous, nos journalistes savent encore manier la litote…
En conséquence de quoi le coordinateur du texte autrefois belligène Jean-Christophe Cambadélis y est allé lui aussi de sa grosse colère (et croyez-moi, il sait faire) en exigeant des têtes ce matin sur LCI : « Ce brouillon ne devait pas se retrouver dans la presse et si nous retrouvons celui qui a fourni ce texte à la presse, je demanderai qu’il soit suspendu du Parti socialiste.»
Quoi ?? !! Ai-je bien lu ce que j’ai écrit, c’est l’artisan de la sainte transparence que Jean-Cricri veut punir ? Décidément, comme l’écrivait circa 1993 l’aimable Martin Veyron à propos d’autre chose, la gauche perd les pédales, et pas seulement à France 3.
Mais où est donc mon Camba d’antan ? Celui avec qui j’ai maintes fois dialogué confraternellement à la barre de fer est visiblement sorti de ce corps, sans quoi il aurait exigé une seule tête, celle de celui qui a émasculé son texte. Exiger la suspension immédiate de Jean-Marc, ça aurait eu quand même plus d’allure, et en plus, pour une fois, ce malheureux Camba à qui tout échappe désormais aurait pu voir son vœu rapidement exaucé…
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