À Toulouse, on n’a pas marché sur le Coran, on a marché sur une projection du Coran, et sans le faire exprès. La prochaine fois, il suffira peut-être de regarder de travers le Coran pour voir des foules de musulmans fulminants venir jusque dans nos rues effrayer nos fils et gifler nos compagnes. Je ne crois pas que les quatre-vingt mahométans vociférants aient été heurtés dans leur foi, comme on dit chez les croyants susceptibles. Je crois plutôt que ces jeunes « sensibles » en djellaba et en capuche sont sortis de leur réserve et de leurs quartiers pour chercher la bagarre. Nous dira-t-on cette fois-ci que l’œuvre du Marocain exposée par la mairie socialiste de Toulouse était une provocation islamophobe ? En tout cas pas au-delà des milieux islamistes, la nationalité et la culture de l’artiste nous en préservent et c’est tant mieux. Et peut-être aussi la couleur politique de la ville rose. Si l’événement provoqué par l’évènementiel avait eu lieu dans une municipalité bleue, voire bleue marine, imaginez les commentaires.
On ne parlera pas non plus de choc des civilisations – pas au-delà des milieux islamophobes en tout cas. Et pourtant, on devrait. On pourrait même parler de choc entre une civilisation et une religion conquérante et guerrière, mais je m’en tiendrai à la formule de Samuel Huntington pour ne pas heurter la sensibilité de l’autre dans sa foi. Ces concitoyens et coreligionnaires de Mohamed Merah ont giflé une passante qui avait marché – espérons pour elle que ce fut du pied gauche – sur une projection de versets. Une claque, ce n’est pas la prise de Constantinople, je vous l’accorde. Mais à quoi faut-il attribuer la modération de cette démonstration de force ? Aux enseignements d’une religion de paix et de tolérance ou à leur petit nombre et à l’intervention d’une compagnie de CRS ? La force républicaine a contenu les malotrus qui sont rentrés impunis dans leurs zones d’éducation prioritaire, en attendant de nouvelles manifestations de leur galanterie et de leur courage. Le pont qui a servi de scène au crime de lèse-féminité surplombe la Garonne. En d’autres temps, les membres de cette branche nationale du djihad mondial qui nous fait la guerre seraient repartis à la nage, pour ceux d’entre eux qui savent nager. Pour la répression, ce ne fut pas la bataille d’Alger, accordez-le moi.
Les autorités ont exprimé des regrets et présenté des excuses : le projecteur se serait déclenché par erreur ou par l’opération d’un esprit farceur, et les écritures saintes n’auraient pas dû tourner en rond sans précautions pédagogiques et barrières de sécurité. Il est vrai que pour les adultes occidentaux sains d’esprit qui ont pris l’habitude de marcher dans les rues, nez au vent et à visage découvert sans regarder où ils mettent les pieds par crainte du blasphème, ces mesures s’imposaient. Pour finir, l’artiste ou les animateurs culturels, ou les deux, ont reculé devant les troubles et donc devant les fauteurs de troubles en déprogrammant l’œuvre. Et ce truc artistique, juste bon à nous casser les codes avec l’argent des impôts de France et de Navarre, a été jeté aux poubelles déjà pleines de l’histoire de l’art contemporain. On ne s’en plaindra pas en l’occurrence, mais c’est ainsi que les régressions avancent et s’imposent.
Ces jeunes islamistes Français – et c’est un problème car ils ne sont ni expulsables ni raisonnables – nous livrent une guerre d’intimidation qu’ils sont en train de gagner. Si nous ne défendons pas notre liberté d’expression, même celle de produire des conneries pour les jeter à la face du peuple consterné, nous allons devoir marcher sur des œufs ou ne plus marcher du tout s’ils sont halal. Puisque tout peut être matière à offense pour les uns ou les autres, mais en la matière certains se distinguent plus que d’autres, si nous ne mettons pas le holà très vite en rappelant que dans le monde libre, qui invite le monde entier mais n’oblige personne à rester, on peut se torcher avec le Coran, se moucher dans la Torah ou jouir dans une réplique de la petite culotte de la sainte vierge – si toutefois elle en portait car les théologiens sont plutôt avares de ces détails croustillants – nous aurons perdu. Si nous ne tenons pas en respect les cul-bénits obscurantistes et susceptibles de toutes obédiences, nous perdrons cette guerre des idées acquises contre les vérités révélées et intouchables, bataille après bataille pour ne pas les avoir livrées.
L’inertie est parfois la meilleure réponse à l’intimidation et la force d’inertie peut parfois décourager les attaques, mais la nôtre est faible, nous ne sommes inertes qu’en apparence : en réalité, nous nous replions. Nous ne sommes pas des rocs décidés à ne pas céder un pouce de terrain libéral et libéré de l’emprise de nos religions et du respect pour le sacré, nous sommes des pierres qui roulent, poussées lentement par des menaces de troubles à l’ordre public sur une pente qui pourrait être fatale à nos modes de vie. Quand nous prenons des libertés, on nous somme de prendre nos responsabilités, et le spectre du risque de manifestations, d’émeutes, de dégradations et de violences hante déjà tous ceux qui s’expriment dans l’espace public, des intellectuels aux artistes ou aux humoristes à ceux qui les exposent, des éditeurs aux décideurs culturels ou politiques. Sans solidarité, sans la protection que donne aux individus qui s’exposent un peuple déterminé, uni dans la résistance ou dans la bagarre, la prudence finira par s’imposer, et la liberté qui s’use si l’on ne s’en sert pas, par s’effacer.
Les jeunes musulmans toulousains venaient de la banlieue : pour ces racailles islamisées en surface mais radicalement, pour cette frange d’une population dont la culture puise ses racines dans des mythes guerriers et une histoire conquérante, la modération (ou l’absence) de nos ripostes est un signe de faiblesse et le ventre mou de la démocratie ne demande qu’à être enfoncé. Autrefois, les guerriers de l’islam surgissaient du désert, plus récemment ils descendaient des montagnes afghanes, aujourd’hui, tous les prétextes sont bons à nos petits talibans pour sortir de leurs quartiers et nous cracher à la gueule qu’ils nous haïssent et qu’ils nous détruiront.
À l’école de la République, ces jeunes n’ont rien appris et rien obtenu et le monde du travail les a rejetés car les patrons évitent la racaille pour éviter les ennuis. Nous avons tout ce qui leur manque et en jouissons sous leurs yeux, notre monde brille, le leur est obscur, nos femmes sont libres et coquettes, les leurs sont assignées à résidence et éteintes sous les voiles, nous consommons les fruits de notre travail, ils attendent des aides en tenant des murs, et les milliards que nous allouons aux banlieues n’étancheront pas leur soif de haine et n’achèteront pas la paix. Ils ne feront qu’alimenter un ressentiment qui leur fait mordre la main qui les nourrit. Depuis le temps que nous tentons de les prendre par les bons sentiments, ils ont fini par nous prendre pour des faibles.
Parce qu’ils sont agressifs et menaçants, nous prenons nos distances. Parce qu’ils ont compris qu’ils ne peuvent séduire les femmes des centres-villes, ils les giflent. Parce qu’ils sont irrespectueux, nous ne les respectons plus. Et à défaut d’être respectés, ils aiment être craints. Ils ne sont pas essentiellement méchants mais déracinés et en marge d’une société qui, trente ans après « touche pas à mon pote », a envie de leur dire « touche pas à mon portable, à ma bagnole, à mon drapeau, à ma femme et à ma liberté », et qui pour finir ne peut plus les voir. Le djihad leur rend la « dignité » et l’identité qui leur manquent.
Un homme qui n’a rien n’a que son « honneur » et peut tuer pour un regard de travers. Un islamiste, même milliardaire, peut tuer pour une offense faite à son prophète. Alors rien ne le retient quand il est démuni. Ces jeunes n’ont rien à perdre, sauf un monde fait de femmes inaccessibles et de putes inabordables. Ils ont à gagner un au-delà plein de vierges soumises. Ils cherchent la bagarre et ils la trouveront tôt ou tard, parce que s’il faut être deux pour faire l’amour, il suffit d’être un pour faire la guerre. Si nous ne les arrêtons pas, les petites guerres deviendront des grandes. Par leur culture, leur religion, leur haine et leur envie, ils rêvent de conquérir notre monde. Avec la démographie, l’immigration et l’islamisation de notre société, leurs forces grossissent et le temps nous est compté. Une répression ferme et même disproportionnée de nos ennemis déclarés s’impose, tant que nous sommes les plus forts. Il ne faut pas craindre une solidarité des Musulmans ou un soulèvement dans les banlieues devant leur défaite et leur écrasement. Nous pouvons redouter en revanche une approbation tacite dans la population musulmane voire une fascination grandissante chez certains jeunes s’ils emportent des victoires par forfait sur notre laïcité. Un talon de fer sur la racaille islamiste remettrait de l’ordre dans les esprits et ainsi, nous inspirerions le respect à la majorité des musulmans attentistes qui vivent en paix et qui respectent surtout la force. Si nous tenons à ce que nous sommes et à ce que nous aimons, ce n’est pas le moment de lâcher la barre ou de quitter le navire. Elle est là, notre responsabilité.
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