Les graves problèmes de sécurité de la société française ne doivent pas être absents des scrutins régionaux à venir. Les régions ont des leviers d’action dans ce domaine!
Dans un entretien diffusé par l’association La Tête Haute Je Soutiens Marin fondée par sa mère, Marin Sauvajon déclare à propos de son geste de défense d’un jeune couple agressé par des voyous : « Ce n’était pas du courage, c’était simplement de l’indignation. Quand j’ai vu cette femme avoir peur à l’arrêt de bus, je me suis dit que ça pourrait être ma mère, ma sœur, ma copine, et pour ça, j’ai voulu intervenir. La citoyenneté c’est l’entraide, l’altruisme, penser à l’autre. Être citoyen, c’est être libre. » Quels beaux mots que ceux de Marin, des mots qui devraient faire réfléchir tous ceux qui minorent le climat de violence absolument terrible qui s’est emparé de la France.
Des territoires perdus
Les premières victimes de l’insécurité sont les citoyens les plus fragiles. Les jeunes comme Marin en 2016. Les seniors. Les femmes. Et plus généralement ces Français qui vivent dans des quartiers sortis de la France et de la République. L’ultraviolence de la rue, la tyrannie des caïds qui n’ont plus peur de la loi, n’est toutefois pas limitée à ces zones de non droit qu’on qualifie pudiquement de « quartiers populaires ».
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Le dernier état des lieux de la délinquance et de la criminalité en France, rendu par le Service statistique du ministère de l’Intérieur, aura une nouvelle fois montré l’augmentation sensible des atteintes volontaires à l’intégrité physique dans les zones rurales et périurbaines. Les cœurs de villes bourgeois sont eux-aussi les cibles des voyous. En somme, c’est tout le territoire français qui est frappé.
Si ces sujets existentiels doivent trouver des solutions régaliennes, commandant à l’État d’enfin jouer son rôle de garant de l’ordre public, mais aussi des solutions civilisationnelles plus fondamentales encore, les collectivités locales ont des leviers d’action parfois insoupçonnés. Les régions peuvent ainsi agir très directement pour assainir l’ambiance dans les établissements scolaires et aider les femmes, cibles privilégiées des harcèlements de toutes natures.
Mila, Alisha: une jeunesse martyrisée
Selon un sondage réalisé par Opinion Way pour 20 Minutes publié le 29 septembre 2020, 42% des femmes de 18 à 30 ans disaient avoir été les victimes d’agressions sexistes liées aux vêtements. Pis, 86% des Françaises ont été victimes d’au moins une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue. Quant aux lycéens, ils sont aussi régulièrement frappés par le harcèlement, allant jusqu’au racket, aux viols, à la diffusion d’images intimes, au suicide, et même au meurtre comme dans le cas déchirant de la petite Alisha à Argenteuil.
Les réponses à apporter à Mila, qui ne peut plus aller au lycée sans risquer sa peau – ce qui devrait indigner tous les Français, tant il est intolérable qu’une nation ne puisse pas protéger une jeune fille des barbares qu’elle a accueillis en son sein – aux familles d’Alisha et Marin, ou à toutes ces femmes terrorisées dans des actes aussi quotidiens que le fait d’aller faire ses courses ou d’emprunter les transports en commun, doivent être judiciaires, policières ou encore scolaires. Mais, il n’est pas inutile, compte tenu du délitement terrible de notre société, d’offrir à ceux qui le souhaiteraient les moyens personnels de mieux appréhender les dangers de notre société.
Les régions peuvent agir
Les compétences régionales sont limitées en matière de sécurité, mais elles ne sont pas inexistantes comme tente de le faire croire la gauche. Une région peut notamment prendre des mesures d’urgence. D’abord en sécurisant les lycées et leurs abords – vidéosurveillance, portiques – mieux que cela n’est déjà fait, ainsi que les rames de TER et les abords des gares où pourraient être positionnés des gendarmes réservistes. Ensuite, en aidant les maires à installer les dispositifs de sécurité dont leurs administrés ont besoin, au moyen notamment de l’attribution de subventions régionales. La vidéosurveillance diminue ainsi le nombre de cambriolages tout en améliorant les possibilités de résolution des enquêtes, donc d’arrestations des criminels. Enfin, il est imaginable de former les lycéens aux situations de tensions dans les lycées, de faire de la prévention contre le harcèlement scolaire et les crises pouvant entraîner de la violence physique.
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Les associations affiliées à une fédération, dont l’objet est la promotion de la défense personnelle pourraient ainsi être sollicitées et obtenir des subventions régionales, à partir du moment où elles seraient politiquement neutres et dûment contrôlées. Quelques gestes peuvent sauver et aider son prochain. Une femme formée au danger de la rue saura peut-être plus facilement se mettre à l’abri et s’échapper. Citée dans les Inrocks, la féministe belge Irene Zeilinger affirmait que « l’autodéfense féministe joue un rôle dans l’émancipation des femmes beaucoup plus large que la sécurité ». C’est un discours dangereux, car la sécurité est émancipatrice et première des libertés. Néanmoins, il n’est pas interdit de penser que quelques bases pour sortir de situations difficiles sont désormais nécessaires aux citoyens français, singulièrement aux plus fragiles.