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Plus d’assurance, moins d’assistance

La dépendance française aux "transferts sociaux"


Plus d’assurance, moins d’assistance
Allocution de François Mitterrand à l’occasion du 40e anniversaire de la Sécurité sociale, 4 octobre 1985. © AGIP/ Bridgeman Images

À l’origine, notre protection sociale est une assurance universelle financée par tous pour que chacun puisse en bénéficier. Or, depuis les années 1970, elle s’est en grande partie transformée en assistance, voire en assistanat, pour compenser l’inactivité et le déclassement de certains.


C’est un fait politique majeur passé largement inaperçu : la protection sociale se détache progressivement du travail et cette transformation a des conséquences qui sont loin d’être toujours positives.

L’autre élargissement

Pour en saisir tous les enjeux, il faut remonter un peu en arrière, aux fondements de notre État social, c’est-à-dire durant l’entre-deux-guerres et non, comme on le croit souvent, en 1945. Le choc de la Grande Guerre, la peur de l’extension de la révolution soviétique, la nécessité d’atténuer les effets de la crise des années 1930 génèrent un accroissement de la protection sociale, jusqu’alors embryonnaire, et surtout sa réorientation. Alors que des premières lois d’assistance avaient été votées par des majorités de gauche dans les années 1900, la France opte clairement pour une logique d’assurance : l’objectif n’est plus de secourir des individus placés dans une situation de particulière pauvreté, mais de couvrir le plus grand nombre contre les risques habituels de l’existence et d’assurer, à ceux qui en seraient les victimes, le maintien de leur niveau de vie antérieur. Dès 1930, les salariés modestes et moyens bénéficient d’une assurance vieillesse et maladie. En 1932, en réponse à une situation démographique il est vrai catastrophique, les employeurs sont contraints de cotiser à des caisses qui versent à leurs employés des « sursalaires » compensant les charges de famille. En 1938, le dispositif est élargi et revalorisé, l’accent est mis sur le troisième enfant, qui permet le renouvellement des générations : les allocations familiales sont nées. Notons au passage que ces dispositions sont portées par des majorités de droite qui, de Bismarck à de Gaulle et contrairement aux idées reçues, sont souvent à l’origine des avancées de la protection sociale. La création de la Sécurité sociale, en 1945, est une étape importante, mais non décisive. Le gouvernement de la Libération rejette en effet le modèle d’assistance prôné au même moment par William


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Février 2023 – Causeur #109

Article extrait du Magazine Causeur




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