De l’autre côté des Pyrénées, pendant que certains élus socialistes menacent les bordels, la droite catholique défend la liberté de se prostituer.
À moins de 40 kilomètres de Perpignan, de nombreux Français s’encanaillent le samedi soir de l’autre côté des Pyrénées, à La Jonquera, un lieu de perdition glauque à peine illuminé par des néons. Ils y font le plein de cigarettes et d’alcool bon marché avant d’aller au bordel. Leurs réjouissances vont-elles durer ? Avec le retour au pouvoir des socialistes espagnols, la question est posée. Il y a encore trois ans, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) prévoyait d’abolir la prostitution jusqu’à présent tolérée par la loi. Retirée in extremis sous la pression populaire, cette mesure refait aujourd’hui surface dans un certain nombre de communes gérées par la gauche.
En votant un édit qui pénalise la prostitution, la ville de Pinto, au sud de Madrid, a déclenché une polémique d’ampleur nationale. Au cours des débats municipaux de juin dernier, l’élue conservatrice d’opposition Rosa María Ganso a indigné la gauche par ces mots : « Il y a des personnes handicapées qui ont besoin de payer pour accéder à l’amour charnel. Il y a aussi des personnes qui naissent moches et qui n’ont pas la possibilité d’avoir des relations sexuelles sans recourir aux prostituées. Nous ne sommes pas tous blonds, charmants et beaux. » Cet argument houellebecquien a valu un torrent d’injures à la quinquagénaire devenue la cible de Podemos. Divisé entre libertaires défenseurs des travailleurs du sexe et féministes abolitionnistes, le parti frère de La France insoumise a accusé Rosa María Ganso de défendre l’exploitation des femmes et de mépriser ses compatriotes au physique disgracieux.
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Il a fallu la mise au point de la porte-parole du Parti populaire, Isabel Díaz Ayuso, pour que tout le monde sache que Ganso a un enfant handicapé. Las, Podemos ne l’a pas absoute de ses péchés. Un autre argument pourrait couper court au débat : 600 000 prostituées gagnent leur vie en chassant le mâle espagnol, dégageant 3,6 milliards d’euros par an. Grâce à ce marché juteux, la monarchie bourbonienne reste la championne d’Europe du marché du sexe. Olé, olé !