Pour résoudre le problème du pouvoir d’achat, l’Etat a eu l’idée aberrante, mais très démagogique, de demander aux entrepreneurs de faire de leurs salariés de «faux actionnaires» qui toucheraient des dividendes. Une fois de plus, les PME et les multinationales du CAC40 sont placées inintelligemment sur un pied d’égalité.
Après avoir été conspués pendant des années, voilà que les dividendes deviennent le mot magique pour le gouvernement, sous le regard un peu stupéfait des syndicats et du patronat ! Tout cela est lié aux dits « super profits » qui concernent environ 10 multinationales mais qui ont mis la bave aux lèvres aux tenants de la répartition avant tout.
Un peu de pédagogie basique : les entreprises pour exister ont besoin d’argent, c’est cet argent que leur fournissent les actionnaires. Ces actionnaires : vous et moi aussi bien que les fonds de pension, ont acheté des actions en bourse, ils ont investi pour faire fructifier les sommes petites ou grandes qu’ils ont placées et attendent un rendement. Évidemment les rendements dépendent des résultats de l’entreprise et les dividendes ont pour objet de rémunérer l’argent investi ainsi que le risque de perdre sa mise en cas de difficultés. Il est utile de le rappeler.
Il est légitime lorsque l’entreprise est très profitable que les salariés en profitent aussi, mais c’est un raisonnement normal que tiennent déjà les chefs d’entreprise ! D’où la participation, l’intéressement, les primes, les bonus…
L’État qui veut résoudre la problématique du pouvoir d’achat grâce aux entreprises (par ailleurs tellement ponctionnées qu’elles n’arrivent pas à augmenter les salaires) a eu l’idée démagogique et facile de demander aux entrepreneurs de faire de leurs salariés de « faux actionnaires » qui toucheraient des dividendes. Il se trouve que le président de la République, qui a lui-même lancé cette idée généreuse puisée dans les fondements enfouis du communisme a dû oublier les principes qui ont fondé le capitalisme. En l’occurrence un dividende est la récompense de l’argent qui a été investi en actions.
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Alors, oui bien sûr, chaque entrepreneur est libre et on peut même l’y encourager, de vendre à ses salariés des actions de l’entreprise ; il peut vendre ces actions au prix qu’il veut et qui peut être très faible, les donner pourquoi pas ? Mais il apparaît absolument nécessaire que les salariés aient pris un risque, même minime, en investissant dans leur entreprise, donc en achetant ces actions personnellement. C’est la base de la pédagogie économique et l’implication des employés ; leur travail n’est pas, contrairement à ce que disent certains, déjà un investissement puisque le travail est rémunéré par un salaire et récompensé par des primes en cas de bons résultats. Par ailleurs, pour les sociétés non cotées c’est une usine à gaz, il va falloir d’abord calculer le prix d’une action puis gérer : et les années de vaches maigres ? Cela diminuera la rémunération des salariés ? Les dividendes seront versés chaque année sur la base du bénéfice ? Mais les provisions ? Sur quelles bases ? Bon courage !
En outre, vendre des actions de son entreprise pour un patron de PME est très impactant, il se dépossède de son capital… et qui rachètera les actions quand le salarié quitte l’entreprise ? Le patron encore ? A quel prix ? Arrêtons de faire semblant de généraliser ce qui concerne majoritairement le SBF 120, le CAC 40 ou es très grandes entreprises… En outre, si l’État s’en mêle par un texte ou une « incitation », ce n’est pas le même registre. Nous n’avons pas besoin de l’État pour rétribuer et intéresser nos salariés à la bonne marche de l’entreprise, en revanche nous avons besoin d’une rentabilité meilleure, de moins de contrôles… et de moins d’idées « géniales » pour pouvoir les augmenter, ce qui est de l’intérêt de tous ! Au fait « charité bien ordonnée commence par soi-même », la Fonction Publique malgré ses avantages, mécontente tous les salariés de l’État qui vont de grève en grève, et c’est nous tous qui payons les dividendes de cette mauvaise gestion !
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